Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :1- Les poèmes de Jocelyne Mouriesse : 1-14: Côte à côte

 

 

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Jocelyne Mouriesse – poétesse martiniquaise جوسلين مورياس – شاعرة من جزيرة المارتينيك

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A vol d’oiseau

Lame entière en lambeaux

Sel des Hommes Roseaux

 

Rugit l’écho

Longue l’onde des bois flots

Sables à fleur de peaux

 

Ecce homo

Woulo pour Mandela

Respé pour Aliker*

 

*Aliker : héros national martiniquais qui a milité pour l’indépendance de son île.Il est mort en 2013

 

Commençons par rappeler que cette poétesse martiniquaise confectionne les textes courts que ce soit  les Haïkus  ou les mini-poèmes et qu’elle se plaît à  s’enfermer dans un hermétisme obscur,  en érigeant  entre elle et le locuteur  des barrières difficilement franchissables par l’usage de mots en créole local  et de symboles souvent insondables. Ce qui fait que la lecture de l’un de ses textes est un véritable exercice de déchiffrement,  comme c’est le cas de ce petit texte où elle utilise les mots “Woulo” ( bravo ) et “respé” ( respect ) en dialectal martiniquais, , l’expression latine “ecce homo” qui signifie “voici l’homme”  que  Ponce Pilate a prononcée  en présentant  Jésus en piètre état à la foule , le nom “Alike” (  Pierre Aliker 1907-2013 ) de l’homme politique martiniquais qui militait pour l’indépendance de son île , le syntagme qualificatif  “Hommes Roseaux” emprunté à Blaise Pascal dans ce passage :«  L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien » Pascal, Pensées (1670), fragments 347 et 348 dans l’édition L. Brunschvicg ) pour louer le génie de ce héros national  et de Nelson Mandela qu’elle a cités  dans l’avant-dernier vers .Que pouvons-nous donc tirer après toutes ses explications ? Ou seraient-elles tout simplement vaines ? En tout cas,le titre “Côte à Côte” concorde visiblement avec les deux héros politiques : Mandela et Aliker, morts tous les deux en 2013. Ce qui laisserait croire que le titre  fait allusion à leurs  patries respectives : l’Afrique du Sud et la Martinique  lesquelles sont deux pays maritimes. Et cette interprétation est renforcée par l’usage massif de signes évoquant le milieu marin (  lame : c.à.d. vague – flots – sables )  et deux lieux qui y ont un lien de proximité malgré la distance qui les sépare (  à vol d’oiseaul’écho – longue l’onde )  ( La distance entre Fort-de-France, Martinique et Bloemfontein, Afrique du Sud est de 10546 km = 6553 milles)  .Tous ces éléments signifiants concourraient ensemble à glorifier  le pays natal qui a enfanté un  héros national de la trempe de Mandela et inscriraient ainsi ce mini-poème dans le genre de l’hymne. C’est ce que  nous a semblé dire le texte. Mais notre amie de l’autre  bout du monde y a certainement une autre idée derrière la tête et s’empressera, comme d’habitude, à infirmer notre lecture. Tant pis !

 

 

 

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