Rendez-vous au paradis de l’illusion….adieux !!! par :Youssef Rzouga – poète tunisien

 

Depuis plusieurs mois, le grand poète tunisien Youssef Rzouga garde le silence. Et ce mutisme n’est  apparemment pas sans lien avec la situation grave dans laquelle se débat son pays.Ce que dévoilerait  ce nouveau poème débordant d’amertume :

 

Bien obligé et je ne fais preuve d’aucun héroïsme

En me jetant hors de la maison, de l’histoire et de la géographie.

Ni la langue-mère est ma mère

Ni les bonnes gens, ces créatures de Dieu, sont les miennes

Je me tire d’une famille…

Dont le premier bon père est, tout comme dernier  père,

De quatre sous

Et tellement passif au point qu’il nous fait fondre en larmes

 

Bien obligé et je ne fais preuve d’aucun héroïsme

En effaçant mon nom

Moi le décédé

Et votre devoir est de m’honorer

Avec le peu de fruits d’oubli

Dont vous disposez

Je ne demande rien de ce que mon pays a grandement besoin

Je ne verse et je ne verserai jamais de larmes comme le fit Al-Khansaa par peur de mourir un jour d’angoisse

Bien que je ne cesse  au moment où je m’en vais très loin

De pleurer au point que le palmier dans son désert se courbe  pour moi le tronc.

Ö dernier !

Me voici esseulé…et multiple

Je n’ai besoin de rien  

Seulement si  un jour on m’aperçoit dans ton zoom

Ne m’ouvre pas les bras

Et ferme-moi-  ô dernier ! – ton paradis au nez

Aucun de mes enfants, moi le peuple né du néant,

Ne mérite  de ma part  quelque chose

De nature à me sauver d’une mort en solitaire, en vagabond et  loin de mon pays…

Bien obligé et je ne fais preuve d’aucun héroïsme

En me jetant hors de la maison, de l’histoire et de la géographie.

Me voici trépassé

Mais sans pour autant pleurer d’angoisse, le nombre de patries que j’ai

Grâce aux enfants rien n’a plus de sens

Rendez-vous au paradis de l’illusion….adieux !!!