Jaafar Majed et la poésie féminine par :Mohamed Salah Ben Amor

Jaafar Majed

Une fois en 2004, le grand poète tunisien Jaafar Majed m’a téléphoné pour m’informer qu’il projette de faire paraître un numéro spécial de sa revue « L’espace du savoir » sur la poésie féminine en Tunisie et qu’il aimerait que j’y participe. Et bien que ce projet m’ait intrigué, parce que je savais que Jaafar ne reconnaissait qu’une seule poétesse dans le pays,je lui ai donné mon accord, tout en lui demandant de me laisser un peu de temps pour réfléchir. Mais avant de décrocher, il me posa cette question : « Sur qu’elle poétesse tu écriras ? ». « Sur Fadhila Chebbi ou Jamila Mejri », lui répondis-je, avant d’ajouter : « A moins que tu n’y vois un inconvénient ». « Non, non , me dit-il, je n’ai rien à dire. Écris sur n’importe laquelle d’entre elles ». « Et si je te demande, pour m’aider, de me dire laquelle est mieux que l’autre », lui dis-je. « La poésie de Fadhila est plus profonde et celle de Jamila est plus belle. Et l’un ou l’autre de ces deux critères :la profondeur et la beauté suffit »,me répondit-t-il .Et avant de décrocher, il m’a lancé ce petit avertissement insolite : « En tout cas , il vaut mieux que tu ne t’empresses pas, car si tu trouves la profondeur et la beauté dans les écrits d’une même poétesse ce sera encore mieux».Là , j’ai vite compris où il voulait en venir et le lui ai dit franchement : « Pourquoi tous ces détours, tu aurais pu me dire dès le début que tu aimerais que j’écrive sur la poétesse Zoubeida Béchir ! ».Il rit et prononce malicieusement le proverbe arabe (L’intelligent comprend d’un simple signe !) .Je ne lui ai rien promis et cette conversation n’a pas eu de suite, parce que d’abord je n’écris jamais sur demande ensuite comment peut-on consacrer tout un numéro d’une revue à la poésie féminine tunisienne alors que son propriétaire ne reconnait que trois poétesses ou peut-être qu’une seule ?

 

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