Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :33–Les poèmes de Patrice Merelle:33-4:Horizon de pensées éparses

Patrice Merelle

Je scrute les voix sans timbres pleurant de haines,
Dans vos regards navrés et dans l’orage gris
Où viendront s’offenser sur ces larges replis
Les vaisseaux des âmes ; -longeant les mornes bennes.-
Si une main amie cultive tes pensées
Pour refleurir la tombe et cueillir tes désirs,
Au gré de l’eau si claire, alors j’épongerai
Tous tes maux prétendus pour panser ton zéphyr.
Qui pourra restituer, ici, dans ce silence,
Un statut ou un sens à la peine insensée,
Qui t’afflige sans cesse une vie de souffrances ?
L’aube de l’horizon épouse nos cieux las,
Et déjà s’éloigne des distinctes terrasses
De nos âmes perdues dans le vent balancé.

Après la lecture de ce poème, nous nous apercevons que son titre (Horizon de pensées éparses) n’évoque qu’un aspect ( un état d’esprit désordonné) de la notion maîtresse de laquelle le texte a été généré et dont l’illustration y occupe la plus grande partie, à savoir une âme plongée dans un supplice inexorable (t’afflige sans cesse une vie de souffrances ),végétant dans une ambiance dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle est tragique au sens où l’entend Georg Luckacs c’est-à-dire en une rupture totale avec l’univers (voix sans timbres pleurant de haines – regards navrés – l’orage gris où viendront s’offenser sur ces larges replis les vaisseaux des âmes – peine insensée – âmes perdues dans le vent balancé – mornes bennes ).Mais qui donc subit les effets néfastes de cette rupture ?Le poète s’est adressé une fois soit à un groupe de personnes, soit à une seule personne vouvoyée (vos regards navrés ) et quatre fois à une personne individuelle intime(tes pensées – tes maux – ton zéphyr – t’afflige) et a parlé une fois aussi mais dans l’ultime vers à la première personne du pluriel, ce qui laisserait penser que c’est de l’être humain en général qu’il parle à partir de son être pris comme point de départ .Et si cette interprétation était vraie, nous serions devant une vision pessimiste sombre aussi bien de soi que de l’autre et du monde qui nous expliquerait dans une large mesure cet éparpillement mental .Et cet état, selon les dires de l’auteur, serait irrémédiable et fatal, résultant d’une véritable malédiction ( l’aube de l’horizon épouse nos cieux las, et déjà s’éloigne des distinctes terrasses de nos âmes perdues dans le vent balancé).Et dans ce cas, le poète rejoindrait Arthur Schopenhauer (1788-1860) l’auteur de cette fameuse citation : « La vie n’est pas faite pour que nous soyons heureux mais pour que nous ne le soyons pas ».

Sur le plan stylistique, la subtilité des idées développées a, paraît-il, écarté tout besoin de rechercher des images fascinantes .Quant à la texture rythmique, elle est bien fignolée

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