L’œil du dormeur par : Mokhtar El Amraoui-Bizerte –Tunisie

                                      Pour l’Ichkeul

 

Le premier cercle fut vite oublié

Etait-ce bivouac, circonscription rituelle

Ou rien que le projet d’un cadran solaire ?

Un poète y a été enterré,

Riant de plumes

Mais personne ne sut que, dans son oubli,

Il revenait y tracer les mêmes rayons.

Est-ce de l’obsessionnel massacre

Qu’ils gardent, tous, la trajectoire ?

Alors, pour quelle incantation s’ouvrent

Toutes ces bouches,

Toutes ces fleurs des branches ?

Que retient franchement l’œil du dormeur,

Quand il s’ouvre à peine

Sur un vol de départ ?

Solennelles rémiges gonflées de vagues

Et de blés écaillés.

C’est jeu d’âmes,

C’est pour cela, surtout,

Que les deux bras ne sont jamais

A égale distance du cœur.

L’écho migre dans la caravane des serres

Et les fruits repoussent les becs incendiaires,

Dans les vergers des hallucinations.

Au point de connivence

De l’ombre et de la source,

S’épanche la treille,

Sur le rebord nord du tombeau

Et le premier cri,

Comme d’un duvet de premier ciel,

Demeure l’énigme jusqu’au chat qui s’étire,

Avant de survoler le mur

De la nuit naissante,

Dans le fracas de verre

D’étoiles titubant

De rêves et de lumières.

 

*Le lac Ichkeul (بحيرة إشكل) est un lac du nord de la Tunisie. Il fait partie du parc national de l’Ichkeul. Le lac est relié par le canal de Tinja au lac de Bizerte, lui-même relié à la mer Méditerranée.

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*