Les enfants de là-bas par : Ariel Boucher – Toulouse- France

1000701_10200209527064114_1570372893_n

Ariel Boucher – Toulouse- France

994919_10200785733348911_1297392570_n

 

Dans ce grand terrain vague

Où dégueule la ville

D’immondices par vagues

Des ombres se profilent

Les enfants de là-bas

En quête d’un repas

 

Dans ce grand terrain vague

Qui a pour fleur l’ordure

D’herbe en moisissure

D’âcres relents par vagues

Les enfants de là-bas

Y puisent leurs repas

 

Dans ce grand terrain vague

A ses déchets putrides

Nuées de larves avides

Se délectent par vagues

Les enfants de là-bas

Leurs disput’ent leurs repas

 

Dans ce grand terrain vague

Les restes, jetés par vagues

Ces gueux tels des chiens errants

Nus pieds sur les ver’res coupants

Les enfants de là-bas

Se nourrissent d’abats

 

Dans ce grand terrain vague

Sous le soleil. Immonde

Des alentours à la ronde

Mer humaine en vagues

Ces enfants de là-bas

Leur unique repas

 

Dans ce grand terrain vague

Trop d’ordures par vagues

Alors c’est jour de fête

Pour les enfants les bêtes

Prient en remerciant le ciel

Des restes de nos poubelles

 

Protégé par la sacem

 

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor: 

 

Après les incursions que nous avons effectuées tour à tour  dans les  univers purement subjectifs de quelques uns de nos ami ( e )s poètes  : sentimentaux chez les uns, philosophiques chez les autres , notre vaisseau critique se trouve tenté  de rebrousser chemin , répondant à l’appel de la poétesse militante, engagée et révoltée Ariel Boucher dont la voix contestataire nous secoue énergiquement pour nous faire revenir à la réalité, une réalité , à vrai dire, amère et extrêmement affligeante que la plupart des artistes du monde  essaient de fuir pour se réfugier dans leur coquille imaginaire .  Armée de son regard idéologique et humaniste perçant, l’auteure de ce poème met à nu, conformément aux préceptes du réalisme socialiste, l’un des aspects honteux et scandaleux des inégalités sociales dont l’homme soi-disant moderne est non seulement responsable mais ne fait rien pour y remédier : la situation  de démunie totale dans laquelle est plongée une frange de la société qui n’arrive pas à garantir son pain quotidien et qui se trouve obligée de chercher sa nourriture dans les dépotoirs. Usant à fond de sa sensibilité révolutionnaire gauchiste qui la range aux côtés des faibles , des opprimés et de  tous les damnés de la terre, elle se lance,  du début de son texte jusqu’à sa fin, dans une dénonciation acerbe et féroce de cet état de fait avilissant  en brossant un tableau écœurant d’enfants cherchant désespérément leur nourriture dans les dépotoirs  d’une ville inhumaine et indifférente .Et ce , à travers ,d’un côté, l’accumulation de vocables dénotant l’ordure et la  pourriture (dégueule–  immondicesorduremoisissureâcre relentdéchets putrideslarves avidesrestesabats Immonde poubelles)et de l’autre, le brossage d’un portrait dégradant de ces enfants réduits à l’état animal (ces gueux tels des chiens errants nus pieds sur les ver’res coupants – c’est jour de fête pour les enfants les bêtes).Et par souci de communication de masse et à une longue échelle, la poétesse utilise , comme à son accoutumée,  la langue commune du quotidien presque dégarnie délibérément de figures de style confectionnées .Enfin , reconnaissons que si l’auteure a insisté dans ce poème à nous faire descendre de notre tour d’ivoire imaginaire ,le réel qu’elle nous a invité à voir dépasse de loin cet imaginaire .Une très bonne mention Ariel !

Un commentaire

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*