Je souffle dans le cor par : Nwal Al-Ghanim – poétesse irakienne résidant à Disney (Australie)

Nwal Al-Ghanim

 

 

Je souffle dans le cor.

La résurrection se lève de sa place.

Le chameau se tenant debout sur la colline

Met pied sur terre

Et laisse sa place à l’attente.

Le ciel transparent ouvre ses portes

Et jette les bouquets de fleurs

Sur les cadavres  meublant le paysage de pleurs

 

Depuis que nous avons sculpté dans le rocher

La forme de la grosse aiguille,

Ce pays est poursuivi par les incendies.

Même les cornes des daims ne séduisent plus

les biches,

Étant donné que dans la forêt

Un Autre en fabrique

Des étuis pour les couteaux.

 

Je souffle dans le cor.

La terre renonce à son ampleur

Pour réserver une place

Aux oiseaux que le battement d’ailes a épuisés.

Les pieds-nus que  Gilgamesh  

A laissés épris de la puissance de l’eau,

Le dieu a tourné le dos à leurs enclos

Et le déluge les a alors happés.

Les merveilles  qui se sont émiettées tel le pain rassis

Entre les doigts d’Eve

Lorsqu’elles appâtaient le péché,

S’émiettent encore entre nos doigts.

Les chevaux font encore route vers les razzias.

Les paniers de dattes

Sont encore écrasés par les voitures

Montées par les archers.

 

Les poèmes se dévêtissent encore

De leurs chemises sur les sabres

Et meublent leurs tournants sur les cous

Avec les lampes.

 

Je souffle dans le cor.

Les gens se lèvent

A travers les trous des mots

Et laissent derrière leur parcours

Un fil de lamentation.

La mort leur crée une autre forme,

Une forme pareille à un panier de pommes

Écrasé sous les pieds.

La poussière des razzias s’envole devant

Et derrière nous.

La poussière des razzias s’envole.

Nous ouvrons le livre.

Les razzias se lèvent entre les lignes.

Les gens se lancent des appels, se bousculent.

L’impôt devient semblable à la nuée d’Aaron.

La terre résonne de cimetières

Pleins de chômeurs de combat.

L’oiseau de sang qui a rempli notre imagination

De ses battements,

Se pose encore sur nos maisons

Pour meubler son ancien nid

Avec ce qu’il recueille.

    

Je souffle dans le cor.

Le paysage se fragmente dans le miroir.

Je m’inonde la main dans le fleuve de musique.

Le pollen de la résonance la mouille.

Des violons poussent sur mes doigts

Tandis que le gémissement des flûtes

Fait sa traversée au dessus d’eux.

Le même gémissement,

Les mêmes traits,

Son pantalon,

Sa chemise,

Sa lamentation sur les vestiges du campement

Au moment où il dispute au chameau

L’ampleur de la colline.

 

 

 

 

 

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*