Soleil de mes nuits par : Abdellatif Bhiri – Safi – Maroc

Abdellatif Bhiri

 

Ce matin en me réveillant de bonheur, j’ai remarqué que le soleil n’était plus là. Pourtant, durant toute la nuit j’avais une longue discussion avec lui quelque part dans les méandres de mes élucubrations nocturnes.

Retenant mon souffle, pensant que cette grisaille n’était que passagère, j’ai entrepris de sortir de chez moi pour m’époumoner et avoir l’esprit clair.

Après quelques enjambées, je fus ébloui par une lueur émanant d’un buisson à la lisière d’un jardin délabré. Cette lueur devint si brillante que sans l’abri de ma manche j’eus pu en être aveuglé ! Petit à petit, l’ardeur de la lumière s’atténuait et je pus reconnaître là le soleil de mon rêve.

Reprenant mon souffle, je lui demandai :

– « Bonjour chère Lumière, vous vous êtes faites trop attendre ?

– Misérable voyageur nocturne, ne sais-tu pas que ma lumière est diurne ?

– Si, mais hier soir, vous sembliez si lumineuse et si encline à la papote !

– Pauvre rêveur ! Ce n’était pas moi, mais ce que tu voulais « voir »

– Ah, mais vous m’aviez promis d’éclairer mon chemin, et…

– Qui moi ? La nuit je meurs…Mais les gens s’émerveillent de mon coucher !

– Moi aussi, j’en ai même écrit un poème !!!!

– Tant mieux. Que me veux-tu là ?

– Que vous êtes perfide le matin ! Laissez-moi le temps de réfléchir.

– Fais vite, je n’ai pas que ton coin ce matin !

– Là je vous comprends bien :

Vous nous éblouissez pour mieux vous accaparer de nous,

Vous bercez nos aurores et nos crépuscules pour mieux nous asservir !

Eh Soleil, ne partez pas, pardon, je ne voulais pas….euh! »

Ainsi, pensant me revigorer tôt le matin, je n’ai fais que remuer le couteau dans la plaie !

 

*Texte en prose, Premier Prix du Jury en 2013.

 

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*