Chronique des pas perdus par :Fatima Maaouia – poétesse tuniso-algérienne –Tunis – Tunisie

Fatima Maaouia

 

” La vraie poésie pense.
Ce qui la distingue de la philosophie est qu’elle ne s’encombre pas d’argumentation, elle va droit à la formule percutante et synthétique.
Plus difficile que la philosophie, la poésie ne donne pas d’explication, elle ne s’adresse pas à l’intelligence discursive du lecteur mais à sa lucidité et à sa capacité d’être ébranlé dans ses représentations habituelles, ce qu’on peut appeler sa faculté d’éveil.”
Ce qu’une vitrine a éveillé en moi …

LA DAME NOIRE DRAPÉE DE BLANC
Fatima Maaouia

J’ai recousu mon cœur
Or quasi mort jailli dehors en plein décor
À la feuille d’or
Je ne lui en veut pas de ne pas être assez fort

C’est ce que m’a dit en tout cas
La Dame imprévue de la rue
Âme endolorie, cœur à l’envers
Tout bas, tout bas, elle m’a dit ça
Et bien autre chose encore

Sa voix de velours était-elle voilée…
Ou il me semblait ?
Et ses yeux… ailleurs en allés ?
Ou il me semblait ?
J’en tremblais

Comme il était à l’envers
Ajouta-t-elle
J’ai pris dans mes bras
Attelles
Ses hauts et ses bas
Et d’un drap blanc pudiquement recouvert
Ses découverts

J’aurai tant voulu, tant voulu
M’faire pardonner
Mon coeur, mon cœur moins endolori
Auprès de la Dame, la Dame
Âme endolorie
Cœur, Or jailli dehors dans le décor
En prenant dans mes bras
Son coeur
Son coeur à elle
La Dame noire drapée de blanc

Ô, J’aurai tant voulu…
Tant et tant voulu
Prendre son coeur perdu et nu
L’élever jusqu’aux nues
Pour le sauver de la rue
Tant voulu
Mais je ny suis pas parvenue

Pour la simple raison, pour la simple raison
Que sans raison
Son cœur, son cœur à elle
La Dame noire drapée de blanc
Soie inconsolée de la Marsa

Trop malmené
Son coeur chiffonné
Etait sujet si vaste et si grand pour moi
Que tel aigle blessé, après s’être débattu
Il s’est en pleine rue
De tout son poids
Abattu sur moi

Pourquoi moi ?

 

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