Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :1- Les poèmes de Jocelyne Mouriesse :1-19 : A l’ombre des raisiniers

Jocelyne Mouriesse

Raisinier

D’eaux salées

Maugréées par les vents

 

Raisinier

Bouleversée

Par tes sables mouvants

 

Au soleil

Aux halliers

Océan sourdement

 

Raisinier

Sein-surgeant

Insinuant rondement

 

L’indolent

Sanglot vert

Au corail rugissant.

 

Comme d’habitude, nous appréhendons la lecture analytique de ces mini-poèmes énigmatiques intentionnellement verrouillés de notre amie de l’autre bout du monde qui se plaît, comme toujours, à se barricader derrière un rempart  de symboles personnels indéchiffrables  dont elle seule connait les sens. Mais ce qui ne nous empêche pas d’essayer, même  si nous sommes certains de n’y voir que du feu . Essayons le truc des champs lexicaux cher au psycho-critique  Charles Mauron (1899- 1966).Vu de cet angle-là, ce mini-texte présente deux axes sémantiques principaux : le premier est  celui du raisinier , une plante des Caraïbes dont les fruits ressemblent à des raisins et le second est  l’interaction  de cette plante en général ou une plante bien  déterminée de cette espèce avec certains éléments de son environnement . Tout laisse penser que l’état de ce raisinier , selon les indices fournis par l’auteure, est loin d’être enviable . Planté ( ou poussant sauvagement ) comme il est dans un terrain marécageux inondé d’eaux salées , balloté constamment par le vent  (Raisinier d’eaux salées maugréées par les vents / raisinier bouleversée par tes sables mouvants) et  tout le temps assourdi par le rugissement de l’océan  (Océan sourdement – corail rugissant ) , il ne peut , dans une  aussi désagréable situation , retenir ses larmes (l’indolent sanglot vert ) . C’est ce qui est dit .Voyons à présent ce qui n’a pas été dit et qui a peut-être échappé à la locutrice ( qui est  bien entendu autre que  l’auteure ) .Tout semble être le résultat d’une simple projection de l’égo de celle qui parle sur ce raisinier . Ce qui révèle à nous une âme triste et lasse de son milieu qui rêve de s’envoler vers un autre monde plus clément . D’autre part , la quatrième strophe (raisinier sein-surgeant insinuant rondement ) à  teinte sensuelle presque nette trahirait  un refoulement latent . Enfin , je suis sûr que j’ai passé   encore une fois à côté du texte .Tant pis !

 

 

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