Impressions préliminaires sur la littérature confinée ou de confinement dans la rive-nord

Philippe Lemoine-France

Joseline Mouriesse – La Martinique

Josiane Coijmans – Belgique

Laurent D’hoop – Belgique

Jean Piet – France

Bien que la mesure du confinement obligatoire n’ait été prise dans les pays occidentaux où la pandémie du coronavirus a frappé le plus (parmi les 200.000 décès enregistrés dans le monde près de 150.000 ont eu lieu dans cinq pays :les USA , l’Italie, l’Espagne, le Royaume uni et la France) qu’il y a seulement près de deux mois, un flot de poèmes et de textes en prose sur ce sujet ne cesse de déferler à un rythme effréné dans les sites littéraires et les réseaux sociaux dont surtout le facebook .Mais en toute objectivité et sans aucune intention de généraliser ,la grande majorité de ces textes oscille entre l’ordinaire et la médiocrité .Et l’ordinaire en art , comme vous le savez, ne peut être considéré que comme médiocre. Et cette médiocrité est due soit à l’absence de talent – et c’est très normal parce que ceux qui écrivent ne sont pas tous de vrais écrivains – , soit au désir d’écrire en dépit du manque d’inspiration.
Vue de l‘extérieur, cette littérature semble s’apparenter à la littérature des prisons .Mais ,en réalité, il n’y a aucun parallèle entre ces deux genres, car les écrits du détenu s’il est écrivain ou poète, expriment soit un sentiment de culpabilité s’il est un prisonnier de droit commun (sauf s’il est dépourvu totalement de conscience comme le Marquis de Sade par exemple) , soit de la fierté et de la satisfaction de soi s’il est un prisonnier politique. Mais ce qui n’est nullement le cas dans la littérature de confinement où l’écrivain ou le poète confiné n’est ni coupable, ni héros mais un simple citoyen forcé de s’enfermer chez lui..
Quant à la minorité de textes poétiques ou prosaïques qui convainc le lecteur connaisseur, elle se répartit grosso modo sur deux tendances principales : l’une lyrique exprimant une fuite en arrière car tournée totalement ou essentiellement vers l’égo et faisant état de divers affects négatifs( terreur, anxiété, désespoir ,pessimisme, langueur, lassitude, …)et l’autre est intellectuelle dirigée vers l’avant et se traduit par une attitude contestataire et dénonciatrice à l’égard des gouvernements qui, à cause de leurs choix capitalistes , n’ont pas doté leur pays d’une infrastructure sanitaire suffisante, capable de protéger les catégories sociales démunies et moyennes de la pandémie.
Une autre catégorie de poètes et d’écrivains et elle n’est pas des moindres semble ne pas être concernée par ce sujet qui pourtant secoue le monde .Certains que j’ai contactés parmi cette catégorie (dont la polonaise Monika Del Rio , la syrienne résidant en Suède Suzanne Ibrahim et la française Solène de Lam de Paris) m’ont dit franchement que ce sujet ne les inspire pas du tout , justifiant leur attitude par le fait qu’ils ne vont jamais vers le poème mais ils attendent qu’il vient et il n’est pas venu !!
A la fin, avons-nous le droit de nous demander dès maintenant quel sera l’avenir de cette littérature confinée ou de confinement ?A mon avis, il est encore très tôt de nous poser une telle question mais il est fort probable que cet avenir ne différera guère de celui de la littérature produite en temps normaux : les textes de qualité seront conservés pour les générations futures et les médiocres auront leur place sur les étagères des institutions d’archives.

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