Deux nouveaux poèmes de Abdelaziz Benzid – El-Eulma (Sétif) -Algérie

Abdelaziz Benzid

Silence pesant 

La porte claqua,

Se referma avec fracas

Tu n’es plus là !

Un effluve de ton parfum

Embaume encore l’air

Et cette rose fanée,

Ce miroir aveugle

Couvert de poussière

Ces fenêtres closes

Se souviennent encore

De tes éclats de voix.

Ce lit vide et défait

Sera désormais

Privé de nos bagarres

Orphelin de nos soirées.

Seule ta photo sur le meuble

Que le temps qui passe

Jaunira au fil des jours,

Rappellera ton passage.

Tout partit avec toi,

Ces moments de joie,

Ces bagarres interminables

Qui font fuir le chat,

Ces portes qui grincent,

Claquent à tes passages ;

Ces voisins curieux

Qui tendent l’oreille,

Plus rien,tout semble vide.

Désormais seul ce silence

Assourdissant et étouffant

Sera pour moi le compagnon

Qui meublera mes peines.

Mes fantômes !

Un jour de grandes pluies,

Quand la brume dense

Estompera les monts,

Quand le jour naissant

Criera sa victoire

Sur une nuit qui s’achève

Comme une bête qui languissait,

J’irais au fond de cette vallée

Qui mène vers la plaine

Où traînent toujours 

Des effluves de ton parfum

J’irais au fond de moi même

Rechercher ces fantômes

Les tiens ?, les miens ?

Qui Chuchotent à mon oreille

Quand tout me parait calme.

J’entends leurs rires moqueurs

Qui étourdissent ma mémoire

Et me donnent le tournis.

J’irais par un matin mouillé

Fouler les feuilles mortes

Qui traînent sur mon chemin,

J’irais par un matin blafard

Narguer ces feuilles 

Qui tournoient dans le vent

A l’heure où la campagne s’éveille

Après une nuit sans rêves,

Une nuit sans trêve, 

Pleine de tumulte

Où la bourrasque rugit.

J’irais sur ces collines

Qui dominent ma peur,

J’irais voir au fond de moi

Ces ombres chinoises

Qui taquinent la lumière

Et dessinent sur les murs

Un passé déjà lointain.

J’irais, contre vents et marrées

Sur cette plage déserte

Qui perturbe l’océan,

J’irais surfer sur les vagues

Pour rejoindre les sirènes

Qui gardent secrètement

Au fond d’un coquillage

Le cri de ces fantômes 

Les tiens ?, les miens ?

Du haut de mes douleurs,

Du fond de mes passions,

Au pire moment de mes craintes

Et contre tout mes soupçons,

Je livrerais combat 

A tout ce qui traîne

Accroché à la mémoire

Comme un boulet de forçat,

Pour qu’enfin, s’apaise le cœur

De ses nombreux tourments,

Alors, vainqueur.

J’irais au fond de l’océan

Enterrer ces fantômes

Qui pourrissent la vie

Et remercier cette voix

Qui me disait toujours :

“Un fantôme ça n’existe pas !”.

Alors, rassuré et serein

J’irais sur nos sentiers 

Te rejoindre sans attendre

Toi, qui es pour moi 

Cette fontaine au bord du chemin

Qui étanchera ma soif.

 

2 commentaires

  1. Avatar

    Beaux vers frère de ma Contrée. Ah ces ombres qui hantent notre vie et ces souvenirs qui conjuguent le temps au passé simple. ravie de te lire Azzouz.
    Tendres pensées à mon hameau.
    Maissa

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