Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :40– Les poèmes de Laurent Mourot-Faraut :40-1 :La dernière fois…

Laurent Mourot-Faraut

 

 

Ce soir, c’est la dernière fois,

J’écoute une musique,

Pour la première fois,

Je sais que je ne l’entendrais plus,

Je m’imagine une autre vie,

Des larmes entre tes bras,

Mais,

Ce soir, c’est la dernière fois,

Je sais que je m’en vais,

Il fallait bien que ce soit comme ça,

Tout a une fin, même la fin elle-même,

Elle glisse entre mes bras,

Pour la dernière fois,

Comme si c’était la dernière fois,

Prend-moi par le bras,

Ou donne-moi ta main

Que je ne l’oublie pas,

Ce soir, c’est la dernière fois,

J’ai tant besoin de toi,

L’amour est toujours le dernier,

Il fallait bien que ce soit comme cela,

Tout a une fin, même la fin elle-même…

Elle glisse entre mes doigts,

Elle file et ne recommencera pas,

C’est comme ça,

Embrasse-moi pour la première fois,

Je sais que c’est la dernière fois,

Le monde devient fou de moi,

Je n’y peux rien, c’est comme ça,

Je me perds et je me fais des nœuds,

Tout s’emmêle et tout m’entraine,

Vers la dernière fois,

Offre-moi ces quelques pas,

Encore un, puis encore un autre,

Enivre-moi jusqu’au matin,

Jusqu’à la dernière fois,

Pour la première fois,

Que je ne pense pas au dernier,

J’ai peur, prends moi dans tes bras,

Demain je ne le verrais pas,

Ce n’est pas triste, c’est comme ça,

Je t’en supplie embrasse-moi…

 

Plusieurs études qui se sont penchées sur la psychologie de l’amoureux ludique ou si nous voulons le Don Juan ont montré qu’il souffre parfois d’une tare psychique ou même sexuelle comme l’impuissance et que sa course perpétuelle derrière les femmes n’est qu’un moyen détourné pour cacher ce défaut ou le compenser . Pour cette raison , les critiques arabes anciens avaient résumé le comportement du poète Omar Ibn Abi Rabiaa ( mort en 744 après J.C. ) aux multiples amantes   dans cette  phrase concise mais très significative : “il rôde mais ne boit pas  ” par allusion à son inoffensivité sur le terrain .

Dans la poésie de Laurent  Mourot-Faraut ,  par contre , le séducteur qui ne s’identifie pas forcément à lui , se laisse parfois trahir  , malgré l’effort qu’il déploie pour endosser le rôle d’un amoureux à la passion éthérée et sublime , par des desseins purement érotiques qui en disent long sur le but réel de sa course effrénée derrière les filles d’Eve tels que le montrent ces supplications  qu’il adresse à une partenaire qu’il rencontre pour la première fois (  embrasse-moi pour la première fois, je sais que c’est la dernière fois – offre-moi ces quelques pas, encore un, puis encore un autre, enivre-moi jusqu’au matin, jusqu’à la dernière fois, pour la première fois – j’ai peur, prends moi dans tes bras – je t’en supplie embrasse-moi… ). Quant à la tactique mise en œuvre , elle comporte deux stratagèmes : le premier est d’essayer d’émouvoir la partenaire  par un jeu de mots faisant semblant  que son attitude vis-à-vis d’elle est le fruit d’une réflexion approfondie sur la vie et le destin  (il fallait bien que ce soit comme ça, tout a une fin, même la fin elle-même – l’amour est toujours le dernier, il fallait bien que ce soit comme cela, tout a une fin, même .la fin elle-même … ), le second est de susciter sa pitié par l’image compatissante et romantique qu’il se donne de lui-même (ce soir, c’est la dernière fois, j’écoute une musique, pour la première fois – je m’imagine une autre vie, des larmes entre tes bras – je n’y peux rien, c’est comme ça, je me perds et je me fais des nœuds, tout s’emmêle et tout m’entraine … ) . Cette manœuvre extrêmement habile montre à quel point le poète est expert de la psychologie féminine. Et le plus important est qu’il a réussi à l’exploiter esthétiquement dans un poème où elle s’est  transformée  en une véritable source d’attrait et de fascination.

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*