Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :12 -Les poèmes de Fatima Maaouia:12 –12 :Un pan de ciel

Fatima Maaouia

 

Pour  prouver le contraire

À la nuit  qui l’enferre

 

Avoir un peu plus chaud

Au creux de l’hiver

Et moins mal au cœur

Que le froid mord et qui  parfois

Se tord et pleure

 

Il a sorti

Sa couverture  des grands jours

 

Bouclier  révolver  et amour

Plein air 

Réfractaire aux temps lents

Et rayons ultra violents

Aux plis

En accord

Avec son âme et son corps

Amer

 

 

Ainsi, à défaut de pull-over

Et de chandail

Il s’est couvert  

d’un pan de ciel

Tissé  sur terre

 

Pour ne jamais se taire

 

Le   grand drapeau

Coin du monde, été hiver

Flamme printanière

À  ciel ouvert

Où depuis des décennies

Le  rouge frisson  au  blanc et à l’humain

Se sont donné la main

Se sont embrassés

Se sont enlacés

Ont échangé à vie

Contre tous les dénis

D’hier et d’aujourd’hui:

 Baisers, serments, pactes,  jasmin

Murmures,  aveux,  sang  et  parfums

 

Là où il git

Pilier …pillé

Laissé de côté

 

Lassé

De n’avoir accès

Ni au printemps, ni à l’été

 

Y a pas de doute

Dans le creux de la nuit

Qui va vite

Et  vous broute…

 

L’étoile planète  qui  l’habite

Le croissant où il habite

En lui

Feuille de route,

Bougie

Brûlent et palpitent :

 

 

Elle nous confie,

La bougie

Qu’elle est flamme et qu’elle est poésie

Que   froid et   délire

Elle n’en n’a cure

Car  elle est de mèche avec la vie 

Et qu’aucun pire

Ne peut   s’inscrire

Dans le mille

Contre  la chaleur  des lèvres  passion de la cire

Qui en cas de  péril

Donne  sans préavis sa vie

Qui ne tient qu’à un fil

Pour libérer…la Vie

De l ‘interdit

 

J’avais témoigné , à plusieurs reprises  depuis   plus de dix ans , que l’auteure de ce poème  est l’une des rares voix poétiques  militantes en Tunisie  et   sans aucune distinction de la langue utilisée , qui ne sombrent  pas dans le discours idéologique  plat et insipide  surtout  au cours des huit dernières années où les poètes « révolutionnaires » ont poussé comme des champignons , enfourchant la révolution avec la plus grande facilité du monde .

Contrairement  à ces hordes assoiffées de célébrité  et qui assassinent l’art poétique sans scrupules , le  souci esthétique  très méticuleux de l’auteure  retient l’attention sur plusieurs plans .D’abord  celui de   la  pertinence qui commande le choix de ses thèmes  , comme on le voit dans ce spectacle riche en connotations d’un sans logis dormant sur le trottoir enveloppé dans le drapeau national qui lui  a inspiré son poème et dont  la valeur  première est  qu’il met le lecteur en face d’un vrai représentant de la couche de jeunes chômeurs qui avaient déclenché la révolution du 17 décembre 2010   sans qu’ils  récoltassent les fruits de  leurs sacrifices .Le deuxième point lumineux est  la manière  dont la poétesse  a exploité le sujet abordé , en  dégageant les sens connotatifs les plus expressifs,   au détriment de  la description directe  dont elle n’a fait usage que  par nécessité absolue  et  par flashs intermittents et très espacés pour  présenter le personnage et situer le lieu où il se trouve . Le troisième côté reluisant  est  , enfin , le style réellement singulier de la poétesse basé comme à l’accoutumée  sur les jeux de mots , le rythme rapide et haché  et les éclairs d’esprit surprenants .

 

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