Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 26–Les poèmes de Gaëtan Parisi: 26 -11 : Chuchotement entre nos âmes

Gaëtan Parisi

 

Les mots

Ponctuent nos silences

Comme le flux d’un regard dense

Comme le souffle d’une caresse intense

Les mots

S’imposent comme la trace

Des non-dits au delà des gestes qui enlacent

Des souvenirs à construire sur nos corps sans crevasse

Les mots

Représentent le temps séparant la parole du néant

Un monde béant

Baigné d’une vapeur amniotique

Dans une apesanteur qui abdique

Les mots

Voltigent dans un espace vacant

S’ébruitent comme un langage sans vocabulaire

S’étalent comme un verbe sans écriture ordinaire

Les mots

Sont une délicieuse poésie

De pensées aphones

Dont le mutisme est criant

Mais tellement parlant

Cet instant semble avoir présidé à la vie

Comme notre premier commencement

Un chuchotement entre deux âmes

Se construit dans les âmes

Il faut juste la présence de deux cœurs amoureux

 

Le côté le plus pertinent dans ce poème est, nul doute, la description subtile et extrêmement détaillée du langage particulier  avec lequel communiquent les âmes des amoureux passionnés  et ses effets  magiques sur leur  psychisme. Et bien que la langue savante en  psychologie et en psycholinguistique dispose d’un lexique riche et précis  capable de rendre avec une grande précision   les significations les plus fragmentaires  de ces effets ,le poète en tant qu’artiste a  tenu à tendre vers le même but mais  en empruntant  le chemin combien difficile  de la métaphorisation , la symbolisation et l’évocation . Et il suffit de jeter un regard même rapide sur  les procédés stylistiques dont il a fait usage pour constater le grand effort qu’il a déployé et avec  quelle finesse il s’y est pris   pour atteindre cet objectif : dont surtout l’utilisation massive des métaphores,  qu’elles soient indépendantes (les mots ponctuent nos silences – les mots voltigent dans un espace vacant – les mots sont une délicieuse poésie de pensées aphones dont le mutisme est criant mais tellement parlant )ou incluses dans des comparaisons telles que (comme le flux d’un regard dense – comme le souffle d’une caresse intense… ) , ensuite l’accumulation des comparaisons (  comme :7 fois )  à comparants abstraits  (comme la trace des non-dits au delà des gestes – comme un verbe sans écriture … ) ,enfin le recours  très fréquent au style évocateur et suggestif .  Et tous ces procédés – et  ils ne sont pas les seuls-   convergent en même temps  vers  un seul et même objectif : dire l’indicible.

 

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