Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 27–Les poèmes de Patricia Royet :27 -5: Lit d’Eden

Patricia Royet

 

Ce soir,

La plage est déserte,

Les vagues effleurent,

Mes pieds dénudés,

Sur le sable doré,

La mer chante,

A la lune,

Son amertume,

Au loin,

Sur les flots,

Un voilier,

L’oiseau des mers plie ses ailes,

Éteint ses yeux lumineux,

Pour le sommeil,

 

Et nous mon amour,

Main dans la main,

On flâne,

Le long de cette grande dame,

On marche,

En laissant d’éphémères traces,

Que l’écume efface,

 

Tu me regardes,

Tes yeux sont malicieux,

Je sens tes bras me soulever, 

Me porter,

Puis tu m’allonges doucement,

Sur le lit de cette chambre,

Aux murs étranges,

Parsemer d’étoiles,

Ta main caresse mes cheveux,

Tes lèvres m’embrassent,

Je sens l’empreinte de leurs jeux,

De leurs désirs de feu,

Sur les courbes de mon corps,

Tes doigts poursuivent leur chemin,

Et me donne tout leurs trésors,

J’écoute murmurer à mon oreille,

La symphonie de tes “je t’aime”,

Ta voix de capitaine,

Me transporte sur le bateau d’Eden.

 

Ce poème a pris source  dans le noyau sémantique à partir duquel il a été généré :l’auto-abandon total et unilatéral à un plaisir sensuel intense  et enivrant  engendré par le contact charnel avec le bien-aimé. Et ce plaisir s’exprime sous la forme d’une sensation voluptueuse allant en croissant d’un simple toucher de la main (et nous mon amour, main dans la main )  à des ébats corporels  (je sens tes bras me soulever, me porter, puis tu m’allonges doucement, sur le lit de cette chambre ) et d’un extérieur vaste (ce soir, la plage est … ) à un intérieur étroit et intime (le lit de cette chambre ). Et pour mettre,  encore plus, en valeur l’intensité de ce plaisir, différents procédés ont été mis en œuvre : d’abord un prélude  où le plaisir est procuré par le cadre naturel externe (ce soir, la plage est déserte) . Et ce plaisir est triple : tactile (les vagues effleurent, mes pieds dénudés) , visuel (sable doré – au loin, sur les flots, un voilier, l’oiseau des mers plie ses ailes, éteint ses yeux lumineux )  et  auditif   (la mer chante, à la lune, son amertume), ensuite l’entrée au vif du sujet   par le passage au plaisir charnel proprement dit   . Et là aussi , ce plaisir est triple  avec  la dominance du tactile  qui couvre  les dix-huit derniers vers  et qui est renforcé par  le visuel  (  tu me regardes, tes yeux sont malicieux  ) et l’auditif (j’écoute murmurer à mon oreille, la symphonie de tes “je t’aime”, ta voix de capitaine, me transporte sur le bateau d’Eden) . Et comme à son accoutumée, la poétesse a usé massivement de l’emphase ou hyperbole  et de l’intensification de la charge émotionnelle des mots.

Un autre poème  qui prouve que cette  poétesse a réellement trouvé son chemin et qu’elle est en train de se  forger un style d’écriture spécifique .

 

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