Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :5-:Les poèmes de Philippe Correc :5- 8 :Le jour se lève sur la ville

Philippe Correc

 

Légère brume sur la Seine

Le jour n’a pas levé son voile

La lune reste sur la scène

Au milieu de rares étoiles.

 

Quelques maisons au bord de l’eau

Se mirent dans ce grand miroir

Reflet que brise ce bateau

Qui apparaît sortant du noir.

 

L’église et plus loin le musée

Se révèlent sous la lumière

Du soleil qui sort amusé

De ces nuages qui l’altèrent.

 

L’horizon devient un brasier

Lorsque l’astre sort sa frimousse

Une ascension qui par paliers

Rendra l’atmosphère plus douce.

 

Enfin il trône dans le ciel

Et nous fait sentir sa chaleur.

La journée a un gout de miel

Lorsqu’on se lève de bonne heure.

 

Dans ce poème, l’auteur, poète de son état,dont les outils sont évidemment linguistiques se plaît, cette fois, et peut-être pour la première fois, à se mettre  dans la peau d’un peintre figuratif romantique captivé par la vue  splendide de Paris au moment du lever du jour. Et du coup, les formes et les couleurs s’expriment au niveau sémantique par des substituts mentaux forts imaginables, grâce aux fins détails qu’il prend soin d’incorporer dans  la toile qu’il peint par les mots. La vue choisie se distingue, avant tout, par son caractère panoramique puisque, partant du ciel, elle descend sur la Seine qui se situe en plein cœur de la ville puis s’épanche tout juste après en bas jusqu’à englober l’église et le musée .Ceci est grosso modo la structure spatiale du paysage .Quant à son contenu , il se révèle graduellement et en deux étapes successives : dans la première, l’œil du poète peintre est retenu par l’échange silencieux et insolite entre la lune qui émet sa lumière vers l’eau du fleuve et celui-là qui la reçoit et la renvoie sous forme de reflet et dans la seconde étape , le soleil remplace peu à peu l’astre lunaire, en pointant d’abord  à l’horizon puis en montant vers le Zénith,  tout en inondant l’atmosphère par sa chaleur .Et étant donné que le mobile du brossage de ce tableau est la mise en évidence de la beauté de la ville en ce moment précis , le discours du locuteur se termine par des vocables mélioratifs (l’atmosphère plus douce – nous fait sentir sa chaleur – un gout de miel)qui en disent long sur son attachement à sa ville. Un poème descriptif léger, bien structuré et plaisant à lire !

 

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