Mes souvenirs avec le grand historien de la littérature tunisienne Aboulkacem Mohamed Kirrou(5)

Aboulkacem Mohamed Kirrou

 

Malgré l’admiration que je portais pour le parcours brillant de  l’historien de la littérature tunisienne Aboulkacem Mohamec Kirrou,  son dévouement pour la littérature tunisienne , son intégrité et son ouverture d’esprit , notre relation n’a pas toujours été détendue. En effet, des heurts se produisaient parfois entre nous pour diverses raisons. En 1989 par exemple, le comité régional de la culture de Nafta (sud-ouest du pays ) a émis à la fondation « Beit El Hikma » de Carthage le vœu de réorganiser le colloque  qui s’y était tenu l’année précédente sur le poète nationaliste Mnaouer Smadeh ,  vu qu’il était natif de cette ville. Et comme j’étais le coordinateur de ce colloque, j’ai contacté Kirrou, en sa qualité de responsable des manifestations culturelles au sein du comité culturel national,  pour qu’il nous fournisse un moyen de transport afin de  nous amener à Nafta .Mais il y opposa un refus catégorique sans donner la moindre justification. Ce qui obligea Beit El Hikma de supporter les frais de ce voyage alors que les comités culturels régionaux  relèvaient du comité culturel national. A Nafta, les deux frères du poète feu Mohamed Larbi et Abderrahim qui avaient fait le voyage avec nous m’ont signifié qu’il y avait un désaccord personnel entre Kirrou et leur frère  Mnaouer . Cette attitude négative m’avait tellement déçu au point de le lui adresser plus la parole  lorsqu’il me rencontrait dans la rue.

Un autre heurt s’est produit entre nous l’année suivante à l’occasion de la parution de mon anthologie de la poésie tunisienne éditée par la fondation « Beit El Hikma ». L’ayant rencontré par hasard dans la rue, il s’était empressé à se montrer solidaire avec moi contre les poètes qui menaient une compagne de protestation à l’encontre de l’ouvrage parce qu’ils n’y étaient pas retenus, malgré que l’éditeur l’ait retiré du marché, tout en me priant de lui en fournir un exemplaire. Mais  le lendemain, dès qu’il jeta un regard sur le sommaire et n’y trouva pas son nom, il a changé de ton, qualifiant mes choix de subjectifs  et imputant « son exclusion » à un règlement compte, car, selon ses dires, il était historiquement le deuxième après Aboulkacem Chebbi à avoir écrit  la poésie en prose en Tunisie ,et ce, dans son recueil intitulé « Combat et amour » paru à Beyrouth en 1952. En réalité, ce recueil n’a aucun lien avec la poésie en prose et ne comporte que des textes en prose à teinte romantique et sans le moindre effort  d’innovation, ni au niveau des thèmes,ni  à celui des images et son auteur ne méritait donc pas, à mon avis,  de figurer dans cette anthologie.

Aboulkacem Mohamed Kirrou était critique et historien de la littérature et non  poète.

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