Zina et Aziza…(1) et (2) par : Fatima Maaouia- poète tuniso-algérienne-Tunis

Fatima Maaouia

Zina et Aziza…(1) 

Mon coeur à vie bascule vers elles !
Par ici les Belles !
Donzelles ! Gazelles 
Ondoyantes jumelles !

Flammes sensuelles 
Sève jeunesse 
Bras amphore
En corps en corps 
Avec l’ivresse

Grandes fleurs 
Tige vertige Or, Azur, Argent
Art’agile ..fluide, Argile Dansant …

Elles font tourner les têtes et battre les cœurs 
Gracieuses
Langoureuses, malicieuses

Scintillantes roses 
Lumineuses ! Poésie
Nul funambule n’arrive à leurs chevilles

Yeux velours 
Balayant d’un sourire ravageur les cœurs 
Sur le tapis roulant des jours

On garde brûlure pour toujours 
Leur feu qui se coupe en deux 
Pour le plaisir des sens et des yeux

Paire lumière
Miroitant …duo d’enfer

Belles-Belles!
Label ? Ailes 
Bombes
Rêve et musica
Made Tunisia !

Fibres
Libres
Battantes !
Combattantes !
Maghrébines, bédouines à la Une
Magiques rimes 
Que Dieu fellah
Dota un matin de longues mèches brunes

Algues marines 
Lunes fines 
Que Dieu marin lécha 
Et dans le vent lâcha

Filles d’Eole…
Épis orge et blé 
Clés de sol 
Dont les pieds
Nus
Qu’on ne fait plus
Fertilisant les nues 
Ouvrant Haut la main
A l’envolée du destin 
Ont pris la parole 
Pour l’envol 
Loin des prisons et des geôles

Enjôleuses 
Charmeuses, ensorceleuses
Jasmin majestueux 
D’un beau pays au passé lointain 
Amoureux 
Du matin

Lourds et gros bijoux d’apparat
Héritage de la kahena
Grands drapés de tissus fins 
Tissés or joint à la main 
Et non drap en peau de rat

Sirènes de la médina
Reines partenariat 
De nos premiers pas

Grâce berbère
Magiques 
Magnétiques …
Touche particulière 
Qui vous touche
Et fait mouche

Etoiles Nord Africaines !

Hommage prononcé 
Elles n’ont pas dansé 
Avec les loups …
Mais pour nous !

Pour le frisson, pour le cran…
Pour tout ! 
Hommage prononcé de l’histoire
Que n’auront jamais 
Les semblants 
De danseurs à l’écran …
Poire
Vue mille et une fois
Qui vous laissent marbre froid

Encore moins
Les doigts glabres disjoints et vains des mains 
Sécheresse poussières et alun 
Froide géométrie
Sans grâce, ni génie
Des élus… parvenus ….si mal agencés 
A nos vies :
Chimère
Chaque jour engrossée de déboires 
Qui n’en finit pas de geler l’espoir 
Par leur manque de discernement et de lumière

Poésie innée 
Et henné 
Populaire satinés
Ailées
Qui ont hissé Haut
Aux plus beaux
Sommets de gloire

… Toute une atmosphère

 

Zina et Aziza…(2) 

Inévitable ! Flammes Inséparables 
Zina et Aziza
Monstres sacrés des Arts
Phare
De la danse populaire
A l’orée de l’indépendance 
Se ressemblent si fort 
Qu’elles en deviennent interchangeables 
Aux yeux du veau d’or

Jaloux de leur aura, de leur présence 
Quelle violence 
Lorsqu’une femme danse !

On ne fut content 
Que lorsque, au grand dam
De leurs fans 
On trafiqua leur essence 
Et leur âme 
D’artistes
En tristes
Véhicule à benzène ou à essence …

Au tournant…

Spontanément?
Sans férir …
Pour rire ?
Au lieu de créer une école en leur nom…

Vite fait
Zina et Aziza furent momifiées 
En mastodante sillonnant rues et monts

On détourna leur nom
Dont on gratifia de préférence
Un double bus en accordéon
De couleur jaune poussin 
Pour rappeler sur le terrain
La flamme alliance innée 
De leur pas de danse

Peu à peu 
On réussit à éteindre leur feu
Dans les mémoires et le lieu…

Les pneus 
Courent les rues…on ne voit qu’eux !

Et l’on finit par accepter l’idée 
Que sans crier gare 
Sans caresse
Et sans égards 
L’on passe 
D’une femme à l’autre sur la caillasse
Comme si c’était la même carcasse
Qu’on traverse à la renverse dans tous les sens

Pas, vite franchi
On passe ainsi 
D’une femme majuscule et gracile 
A un vile ustensile de cuisine, fruit, navet
Légume ou véhicule
Avachi

Logique !
L’explosion techno-touristique 
Qui toujours coopère 
Avec le fer
A transformé…
Leur destin pur élan et musique 
En masses animales et métal

Normal !
Pour honorer le contrat et ajouter à la cacophonie générale
Le capital 
Capture les artistes, étoiles chevronnées
Nées
Âmes saveur, parfum renommé
Eau forte…

Et sans état d’âme 
Trafiquent déesses et sirènes
En aphtes compacts
Et nature morte…
Sur le mac adam et l’asphalte

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