Pendue sur un fil poème de Monika Del Rio – poétesse polonaise résidant à Bruxelles – commenté par : M.S.Ben Amor

Monika Del Rio

 

Pendue sur un fil
Pendue
Sur un fil
Entre les nuages 
Et la terre
Je demeure…
Invisible –
Une petite araignée
Qui attend
Son train
En direction 
Du ciel ou
De l’enfer,
Le destin décidera
Du vent.
Pourtant
Je me bats
Encore
Contre les
Courants
Des éléments
Déchainés –
La menace
De tous les temps.
Je lâche parfois prise
En me laissant
Endormir
Par le chant 
Doux,
Ensorceleur,
Séduisant.
Il m’emmène
Sur un tapis
Volant
Vers les contrées
Lointaines
Là, où il n’est
Pas interdit
De rêver,
Où tout le monde
S’aime 
Où on n’entendra plus
De rires 
Sarcastiques
D’hyènes
Car elles
Pleureront
Sur mon cadavre
Le ciel se déchire
Le ciel se déchire
Tant il se sent rempli
De sentiments contradictoires,
Les cuivres jouent
Leur solo noir,
L’amour est habillé
En vêtements sombres
Ce soir, les éclairs
N’éclaircissent pas la vie.
Dans cette tempête
Je te vois si petit et frêle
Avec tes grands yeux
Débordants de larmes
Et d’envie,
Comme un ruisseau
Emportant avec le printemps
Tous les cœurs –
Tu me séduis.
Je me laisse donc faire,
Je marche derrière toi
Je te suis
Sous une pluie d’étoiles
Je pars dans la profondeur
De la nuit,
Je m’enfonce
Je m’étouffe,
La souffrance me semble
Tellement douce et agréable,
Toi, tu restes
Tout près de moi
Et cela
Me suffit…

 

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor :

Les lecteurs qui ont suivi régulièrement mes commentaires sur la poésie ne connaissent Monika Del Rio qu’à travers ses poèmes amoureux. Mais il leur est peut-être utile de savoir que cette auteure que j’ai connue  à la fin des années 90, vu que je lui avais traduit vers l’arabe trois livres parus tous en Tunisie , n’avait jamais abordé dans ses écrits des thèmes amoureux et que son intérêt pour ces thèmes n’a commencé qu’après son installation en Ethiopie en   .Serait-ce donc une sorte de rattrapage dont elle a senti le besoin une fois établie dans ce pays ?

En tout cas, ce nouveau poème représente un retour aux origines, étant donné qu’elle y traite un sujet qui avait constitué le thème principal de ses quatre premiers livres ,à savoir le côté énigmatique et effrayant du rêve et plus exactement du cauchemar . Et y’a-t-il plus cauchemardesque que de se trouver pendu sur un fil entre ciel et terre ? En effet, cette image charnière sur laquelle a été édifié le poème n’a rien de positif, car elle ne signifie nullement une élévation spirituelle mais un état de suspension forcée dans lequel la locutrice se trouve à la merci des éléments naturels de toutes sortes .Mais elle ne semble pas non plus avoir une signification compensatoire bien que l’auteure l’a laissé entendre dans les derniers vers , car la fuite de la réalité procure tout de même une sensation de soulagement .Ce qui n’est point le cas ici .Je dirais plutôt que dans ce rêve , il s’agirait probablement d’un retour inconscient à la période infantile où la locutrice, étant bébé, aurait peut-être fait face à un traumatisme occasionné par une naissance difficile .Ce qu’appuierait la projection de l’image de son propre corps dans un futur sordide celui de l’après-décès en présence d’animaux charognards : les hyènes .Et c’est ainsi que ce poème nous présenterait  une sorte d’autoportrait psychologique profond et non un simple état d’âme passager .Quant au style, il est clairement influé par les techniques narratives auxquelles l’auteure est habituée, vu qu’elle est venue récemment à la poésie du roman et la nouvelle .

 

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