Les retrouvailles de François Secrétejar et de son ami d’enfance Jean-Baptiste Delmieri.( 3ème et 4ème parties) par : Rémy Ducassé dit Erdé –Bastia -France

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Rémy Ducassé

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– Le berger – 29 Décembre 2007 – Milieu de matinée.

Pendant ce temps, loin de s’imaginer ce que le pêcheur était en train de préparer, François en compagnie de Jules le cafetier, son nouvel ami était en train de négocier auprès d’un loueur de barques la location d’une barque pour lui permettre de faire la traversée de la grande mer bleue pour retrouver son ami Jean-Baptiste le pêcheur.

Jules le persuada. François put louer une bonne barque peinte en bleue, avec une bonne étrave assez haute pour affronter les flots quelquefois violents de la grande mer. Cette barque était équipée de deux rames solides, mais il y avait aussi un puissant moteur diesel de trois cent chevaux. Avec cela François n’avait rien à craindre. Il paya le loueur qui avait accepté de baisser son prix.

Il ne restait plus grand-chose à François comme argent au fond de son porte-monnaie. Mais tant pis, se dit-il, ce n’est pas tous les ans que l’on va retrouver un vieil ami que l’on n’a pas vu depuis plus de vingt ans. François remercia son nouvel ami Jules le cafetier. Ils ont échangé une longue poigné de main, Jules lui dit :

– « Bon maintenant, il faut que j’y aille, je ne veux pas laisser ma Gigi trop longtemps seule, il va y avoir un monde aujourd’hui au café, je le sens, avec ce beau soleil, allez bonne traversée mon gars !!! »

François le salua une dernière fois et se dirigea vers une épicerie qui se tenait au bout du quai.
Là il dépensa ses derniers sous pour acheter de la bonne nourriture, des bouteilles de vin rouge, des bouteilles de champagne et une bouteille d’apéritif avec des petits biscuits pour manger avec. Il trouva aussi des guirlandes de papiers de toutes les couleurs et des boules de cotillons avec leurs sarbacanes de cartons. Les  couleurs étaient les mêmes que celles de ses brebis, de ses agneaux et de ses boucs.
Il acheta, pour finir, un cadeau pour son ami Jean-Baptiste le pêcheur, le fit envelopper dans du papier doré entouré avec une belle ficelle de couleur bleue.
Il se souvenait que le doré était la couleur préférée de son ami pêcheur. Il fit mettre tous ses achats dans deux grosses caisses de petit bois et  fit deux voyages pour les charger sur sa barque.

Il avait profité de faire ses achats pour s’acheter aussi un petit savon, du dentifrice et une brosse à dents. Cette fois, il était prêt à mettre le cap sur la grande Île. Il détacha les cordages, monta à bord de la grosse barque, releva la passerelle et la rangea le long du bateau. Il rangea aussi soigneusement les deux caisses contenant ses achats et son baluchon dans lequel il avait glissé savon, dentifrice, et brosse à dent. Il démarra le puissant moteur diesel, se mit à la barre et mit le cap au sud-sud est. Et en avant toute.

La barque sortit lentement du port, fendant l’eau noire de son étrave solide et haute.

– Le voyage, l’un vers l’autre – 29 Décembre 2007 – 11h30 du matin.

Ainsi il en fût fait. Nos deux amis, chacun de son côté, prirent la mer, sans savoir qu’en fait il voguait l’un vers l’autre. Bien sûr l’expérience et la qualité du bateau de Jean-Baptiste le rendaient plus efficace dans son voyage vers le Continent. François était très courageux, en toute chose il apprenait très vite. De plus, il était tellement impatient de retrouver son compagnon d’enfance que son inexpérience fut largement compensée par son courage et sa passion à vouloir retrouver son ami.

Ils naviguèrent ainsi pendant deux longs jours et demi.

Tous deux éprouvèrent, sans se le dire, la même sensation de longueur de ces deux jours et demi.  Gardant chacun leur cap, dormant peu, veillant chacun de leur côté à ne pas se perdre.
La grande mer bleue était vraiment grande : se disait François. Je ne l’aurai pas cru si grande pensait Jean-Baptiste qui n’avait jamais dépassé les limites de pêche de la grande Île.
Ainsi les nuits étaient courtes pour nos deux navigateurs et les journées succédaient aux journées.

IV – Quatrième partie.

– Les retrouvailles – 31 Décembre 2007 – 20h30 – Début de soirée.

Alors qu’une légère brume se tombait lentement sur les flots, Jean-Baptiste qui venait de se réveiller d’un léger somme réparateur, mettant ses mains en visière au dessus de ses yeux dans la direction qu’il suivait depuis maintenant plusieurs jours, aperçut à quelques brassées de son chalutier, le gros fanal d’une grosse barque de couleur bleue.

Ne se doutant aucunement qu’il s’agissait de son vieil ami, il mit un peu plus de puissance dans ses moteurs et lorsqu’il se trouva pratiquement bord à bord avec la barque en question, il vit allongé au fond de celle-ci, caché sous la grosse cape de toile épaisse de berger, la tête dissimulée par le grand chapeau de feutre brun, nôtre pastoureau qui dormait profondément en ronflant tout son saoul. Il avait bloqué la barre avec une écoutille pour ne pas perdre son cap.
Il avait déjà entamé sa nuit.

– « Eh !!! Bien le montagnard, c’est comme cela que l’on devient marin, en laissant son navire sans maître à bord…/Tu es plus à l’aise sur le plancher de tes brebis multicolores »

– Il éclata d’un grand rire sonore.
Jean-Baptiste avait parlé si fort que François qui était en train de rêver qu’il retrouvait son ami, sursauta, son chapeau lui tomba de sur la tête, laissant voir un visage amaigri que venait noircir une barbe dure de plusieurs jours.

– « Co….co….co….comment, c’est toi Jean-Baptiste, co….co….comment tu m’as trouvé. Comme je suis heureux de te voir, mais jamais je n’aurais imaginé que nous allions nous retrouver au milieu de la grande mer bleue ».

– « Tu oublies, mon grand ami, que je suis un vrai marin, moi ».

– « Comment allons-nous faire, pour fêter nos retrouvailles, ici au milieu de cette vaste étendue d’eau ».

– « Ne t’en fais pas, tu vas accrocher ta barque à mon bateau de pêche. Nous ferons la fête, ici, après que j’ai jeté l’ancre, pour que nous ne dérivions pas. Je vois que tu as toi aussi prévu de quoi fêter dignement nos retrouvailles ; fais moi passer ces deux caisses et ton baluchon ».
Ils chantèrent ensemble les vieilles chansons de la grande Île de leur enfance qu’ils n’avaient pas oubliée, ni l’un, ni l’autre.

Ils s’offrirent les cadeaux qu’ils se destinaient, s’aperçurent, en fait, qu’ils avaient eu la même idée. Il s’agissait de deux magnifiques couteaux à lame d’acier.
Ils se bataillèrent à coup de boules de cotillon et  firent partir les fusées de feu d’artifice qu’avait amené le pêcheur.

Ainsi leur fête dura deux ou trois jours et ce fut une très belle fête.

François décida de retourner pour quelques jours sur la grande Île avec son grand ami Jean-Baptiste le pêcheur. Ils firent demi-tour. La barque de François accroché au chalutier de son ami.

V – Epilogue. 

– 24 Décembre 2007 – 7h30 – Nouvelle aube naissante.

Mes chers enfants, Manon et Téo, Ayénola et Edwige, et tous les Enfants de la terre,

La modeste morale de cette histoire, est la suivante :
Quelque soit le temps et l’espace qui sépare deux véritables amis, les retrouvailles seront toujours une fête de l’ESPERANCE.

Le père Noël qui connaissait toutes les langues de la terre me dit en Occitan :
« Clic, clac moun counte es aquabat… ».
Il rajouta en Corse : « Pace e salute a tutti… »

© Rémy Ducassé dit Erdé, Bastia le Jeudi 21 Avril 2016.

 

 

 

 

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