Les retrouvailles de François Secrétejar et de son ami d’enfance Jean-Baptiste Delmieri ( 1ère partie) par : Rémy Ducassé dit Erdé– Bastia – France

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Rémy Ducassé dit Erdé

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– Père Noël – 24 Décembre 2007 – 11h45 du soir.

« En fait, il s’agit d’un conte à la fois pour les petits et les grands. Ce qu’il faut mettre dans un conte, pour enchanter les petits comme vous Manon et Téo, ce sont des histoires qui n’existent que dans les rêves, des histoires qui sont douces, ne font pas peur, vont vous aider à fermer vos jolis petits yeux, le soir venu l’heure de dormir.
Alors, voilà, pour vous : Manon et Téo, l’histoire que votre Papy a copiée sous ma dictée. Minette aussi peut l’écouter. Minette a été bien sage. Elle a mérité d’entendre, aussi une belle histoire ».

– Le berger – 25 Décembre 2007 – 6h30 du matin.

Pour les bergers le 25 Décembre n’est pas un jour sans travail. Ce sont les bêtes qui commandent.
Il était une fois, un vieux berger, qui possédait beaucoup de brebis, d’agneaux et de boucs. La différence entre son troupeau et ceux des autres bergers, ses brebis, ses agneaux, et ses boucs est que ses bêtes  avaient tous des couleurs très vives : des rouges, des bleues, des vertes, des jaunes, des orangés, des rouges à pois blancs, des vertes à rayures jaunes, des blanches avec des carrés rouges, des noires avec des zébrures comme celles des zèbres d’Afrique.

Le berger n’était jamais étonné des couleurs de ses bêtes. C’était comme cela, c’est tout. Pour l’aider, François avait deux gros chiens. Ils étaient très doux, très calmes avec lui, avec les éventuels visiteurs de François venant lui acheter ses fromages. Lorsqu’il s’agissait des bêtes de son troupeau, là ce n’était pas la même histoire. Ils étaient parfaits. Dur après les animaux qui se laissaient aller à musarder un peu partout en dehors des limites des pâturages. Le père Noël dit dur, ne vous inquiétez pas pour Mirtifli et Flitourle. Les deux chiens, aboyaient après les bêtes, soit ils leur mordillaient les pattes, sans abuser, soit les faire revenir dans le droit chemin. C’était deux excellents chiens de berger.

Ce soir là, François était un peu triste. Il se rappelait d’un grand ami pêcheur sur la grande mer bleue.

Son vieil ami pêcheur, s’appelait Jean-Baptiste. Il y avait très longtemps, très longtemps qu’ils ne s’étaient plus vus. Quand je dis longtemps, cela faisait plus de vingt ans, que ni l’un, ni l’autre n’avait fait la traversée de la grande mer bleue, pour se rencontrer.
Pas comme vous qui voyez assez souvent votre mamie du continent, soit qu’elle vienne ici, sur la grande Ile, soit que vous fassiez la traversée avec vos parents sur le grand bateau jaune.

François le berger avait quitté la grande Île quand il était un tout jeune homme pour pouvoir travailler à garder ses brebis, ses agneaux, ses boucs. Il les gardait depuis tout ce temps dans la grande montagne bleue, de l’autre côté de la grande mer bleue. Il n’était depuis tout ce temps, jamais revenu dans sa grande Île.

– Le pêcheur – 26 Décembre 2007 – 7h30 du matin.

Jean-Baptiste le pêcheur qui pêchait sur la grande mer bleue, n’avait jamais, mais alors jamais quitté oh !! Non jamais quitté sa grande Île, pour aller voir François dans sa grande montagne bleue.
Petite précision que je me dois de vous raconter.

Les poissons que Jean-Baptiste le pêcheur de la grande Île, présentés à la vente, étaient de couleurs pour le moins originales : des tous bleus, des argentés avec des rayures pailletées d’or, des jaunes avec des tâches vertes en forme de fleurs, des rouges avec des pois noirs, des dorés avec des rayures argentées, des tous verts, avec les nageoires jaunes, des jaunes avec les nageoires vertes. Des bleus avec de jolis carrés rouges, des tous rouges avec de jolis carrés bleus.

Toutes ces couleurs faisaient dans la grande mer bleue, comme des parterres de fleurs dans un jardin. Ces jardins que l’on peut voir sur terre autour de certaines maisons, ou dans le désert des Agriates au printemps.
Jean-Baptiste le pêcheur de la grande Île ne s’était jamais étonné des couleurs, si vives, si curieuses de tous ces poissons qu’il ramenait dans ses filets, si tôt le matin à la pêche sur la grande mer bleue.

– Le berger – 27 Décembre 2007 – 19h15.

Le surlendemain de ce Noël mémorable, François gardait toutes ses brebis, tous ses agneaux, tous ses boucs, de toutes les couleurs dans sa grande montagne bleu.
Sa montagne était recouverte de grands sapins. Chaque soir à la tombée du jour, quand le grand soleil jaune disparaissait de l’autre côté de sa grande montagne, les grands sapins avec leurs aiguilles donnait comme une couleur bleue à la grande montagne.

A  l’approche de la nuit, le soleil venant de se coucher derrière sa belle montagne bleue, François se mit à penser à son ami le pêcheur Jean-Baptiste, là-bas de l’autre côté de la grande mer bleue. Il se dit qu’il y avait maintenant trop longtemps qu’il ne l’avait pas vu. Il se dit : «  tu vas bien dormir. Après tu vas quitter ta montagne bleue. Tu vas confier tes brebis, tes agneaux, tes boucs à ton ami l’autre berger et tu vas partir. Tu n’amèneras que Mirtifli et Flitourle. Ite tiendront compagnie tout au long de ton voyage .Il  faut que tu traverses la grande mer bleue, pour retrouver Jean-Baptiste le pêcheur de la grande mer bleue. Mais il faut que tu lui fasses une surprise. Il ne faut pas qu’il sache que tu viens le voir ».

François le berger s’endormit sur sa grande montagne bleue, après avoir confié ses brebis, ses agneaux, ses boucs à son ami l’autre berger.

Jean-Baptiste lui, sur son Île se dit avant de s’endormir : «  Il y a bien longtemps, bien longtemps que je n’ai pas vu mon ami François le berger qui vit là-bas de l’autre côté de la grande mer bleue. Je me demande s’il pense à moi, ou s’il m’a complètement oublié. Et il alla se coucher.

François le berger se réveilla tôt le matin avant le lever du soleil sur la montagne bleue. Il déjeuna, fit sa toilette, s’habilla mettant ses plus beaux habits de berger, un gros pantalon, une chemise bien épaisse un peu rugueuse, un pull bariolé de laine comme la laine de ses brebis et moutons, par-dessus le tout, une grande cape de toile sombre imperméable pour le protéger de la pluie. Il coiffa un grand chapeau en feutre marron décoré d’une grande plume multicolore. Cette plume, François l’avait trouvée dans un chemin creux où il était allé se promener avec  ses deux chiens pour ramasser des châtaignes. Ce devait être un faisan poursuivi par des chasseurs qui l’avaient perdu. François chaussa ses pieds avec de très bonnes chaussures. La route à pieds allait être longue.

– Le berger – 28 Décembre 2007 – 6h45 – Petit matin.

Le soleil apparaissait à peine à l’horizon, attrapant sa vielle canne ferrée aux deux bouts (cette canne avait une véritable histoire qu’il  serait trop long de raconter ici … une autre fois peut-être). François se mit en route pour arriver au bord de la grande mer bleue. Il siffla ses deux chiens. Ceux-ci ne se firent pas prier pour suivre en aboyant de joie leur maître berger. En ce temps là, il n’y avait pas de grandes routes, encore moins d’autoroutes. Il fallait marcher à pied, longtemps, très longtemps, pour arriver au bord de la grande mer bleue.

François le berger était courageux. Les kms ne l’effrayaient pas. Il marcha, longtemps à travers d’autres montagnes que la sienne, traversa des collines, des ruisseaux, et des plaines. Le soir, il dormait au pied d’un arbre après avoir mangé un morceau de fromage de ses brebis avec un gros morceau de pain. Le , il se levait très tôt, souvent même avant que son ami Soleil soit levé. Cela dura ainsi plusieurs jours.

François le berger arriva en haut d’une colline. Là-bas à peine à quelques kms, il vit la grande mer bleue qui le séparait de son ami Jean-Baptiste le pêcheur.

François, rassuré, s’assit au pied d’un bel olivier, comme dans la grande Île. Le bord de la grande mer bleue était un pays où poussaient très bien les oliviers. François qui avait très faim d’avoir tant marché pendant des jours et des jours, ouvrit son baluchon attrapa son dernier morceau de fromage de brebis, ainsi que le dernier quignon de pain qui lui restait. Celui-ci était un peu dur, après un si long voyage.

L’olivier sous lequel il était assis croulait couvert d’olives. Curieusement, il y avait autant d’olives vertes que d’olives noires, sur un même arbre. Nôtre ami le berger, pensa cela va m’aider à faire descendre ce quignon de pain trop rassis. Il mangea tout le fromage, le quignon de pain accompagné soit d’olives vertes, soit d’olives noires, n’oubliant pas de partager avec ses fidèles compagnons à quatre pattes. Prêtant l’oreille, notre montagnard entendit le glou glou d’une source coulant au creux d’un rocher. L’eau était très claire. Il remplit sa gourde faite d’une peau de biquette. Il se désaltéra en mettant ses mains en coupe. Les deux chiens burent presqu’autant que leur maître. Il leva sa tête vers le ciel, vit que le soleil était presqu’au plus bas, là-bas au loin sur l’horizon de la mer. François ne pouvait détacher son regard : cette image était immensément belle. Il se dit alors que l’endroit là au pied de cet olivier serait idéal pour passer sa dernière nuit sur le continent.

Il s’allongea, sa vieille couverture toute rapiécée, sur ses épaules se recroquevilla en boule. Il ferma ses yeux. Les deux chiens Mirtifli et Flitourle se couchèrent chacun d’un côté de leur maître.  Quelques minutes à peine après, aussi bien les deux chiens que François se mirent à ronfler en rêvant déjà de la joie qu’il allait ressentir en retrouvant son ami Jean-Baptiste Delmieri.

Je ne sais pas si les deux compagnons de notre ami le berger firent les mêmes rêves, mais ce que je peux vous dire moi Père Noël c’est qu’ils ronflèrent aussi fort, tous les trois.

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