Le discours amoureux aux multiples facettes dans la poésie de Janice Montouliu par :Mohamed Salah Ben Amor

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La poétesse uruguayenne Janice Montouliu

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Il est oiseux de faire précéder cet essai consacré à la poésie amoureuse chez une poétesse donnée, en l’occurrence  la poétesse uruguayenne contemporaine Janice Montouliu, d’une esquisse historique  ou d’un exposé théorique ou des deux à la fois sur l’amour et ses différents types, car les études énormes et incalculables dont il a fait l’objet depuis l’antiquité dans différentes branches du Savoir (théologie, littérature, philosophie, psychologie, psychanalyse, sociologie, éducation  …) nous en dispensent largement. Nous  nous concentrerons donc plutôt sur le sujet que nous envisageons de  traiter  dans cette étude, à savoir  les principales manifestations de l’amour dans la poésie de cette auteure qui s’érige depuis quelques années dans les réseaux sociaux et surtout facebook comme  l’un des grands chantres de ce noble sentiment humain dans la poésie d’aujourd’hui.

L’examen minutieux des poèmes qu’elle y a publiés depuis  que j’ai fait sa connaissance en 2009 et qu’elle a pris soin, depuis, de partager régulièrement sur mon mur montre que ce thème auquel elle a choisi de se consacrer presque entièrement se présente chez elle non comme étant de type biographique découlant d’une simple expérience sentimentale personnelle mais en tant que champ de préoccupation intellectuelle vaste englobant  l’expérience de l’auteure elle-même avec ce sentiment humain mystérieux  au sein duquel le personnel se mêle au commun et l’individuel se confond avec le collectif, nous offrant ainsi un tableau général  ayant tout d’un bilan psychologique mais formulé en vers et non en langue savante pleine de termes techniques.

De ce fait, les poèmes de Janice Montlouliu sur l’amour ne se ressemblent que rarement, car elle aborde presque à chaque fois un aspect bien déterminé  du phénomène, laissant ainsi entrevoir un esprit de psychologue praticienne spécialisée  qui se penche inlassablement mais passionnément sur un grand nombre de cas aussi différents les uns des autres dont probablement le sien en tant que femme amoureuse.

Et si cette tendance à faire varier à l’extrême  les sous-thèmes amoureux révèle  chez l’auteure le désir de cerner ce phénomène de tous ses aspects, elle nous pose deux difficultés:   la première est d’en donner un aperçu complet dans ce court essai –  Ce qui nous obligera inévitablement à nous arrêter seulement sur des exemples illustrant ses aspects les plus récurrents – et la seconde est de soumettre notre démarche dans le traitement de ce sujet à un plan d’ensemble ne laissant échapper aucun détail important.

Pour cette raison, nous allons adopter une division du phénomène amoureux très générale  en deux grands genres : l’amour vécu et l’amour relaté: le premier est lorsque la locutrice se présente dans certains poèmes comme une amoureuse et le second est quand elle est distincte de l’amoureuse dont elle décrit la passion. Bien entendu, cette division n’est qu’approximative, du fait qu’en poésie comme en récit, le locuteur peut, tout en parlant à la première personne du singulier, endosser une personnalité autre que la sienne.

Mais avant de porter un regard analytique sur ces deux types d’amour, essayons de circonscrire la conception de l’amour chez la poétesse en nous basant surtout sur les quelques poèmes- manifestes qu’elle a consacrés  à ce sujet.

I-La conception de l’amour  chez Janice Montlouliu:

Malgré la masse volumineuse des essais et des traités sur le phénomène amoureux, nous ne disposons jusqu’à ce jour d’aucune  définition claire de cette notion .L’amour demeure, effectivement, un sentiment vague et insaisissable aux facettes multiples : en effet, si certains l’appréhendent comme un concept abstrait de nature spirituelle(1) ,d’autres y voient une simple sublimation d’un désir sexuel (2)tandis que dans la vie courante , l’amour espéré est celui qui soit en harmonie avec l’ordre social  et qui se situe à mi-chemin entre ces deux extrêmes(3). Enfin, une quatrième tendance le détache totalement de la sphère restreinte des relations entre les deux sexes  pour l’étendre à toutes les individualités appartenant au genre humain ou même à tous les êtres et objets existant dans l’univers(4).

Pour notre poétesse, l’amour est d’origine divine. Il s’agit, selon ses dires, d’un « noble métal » comparable à un souffle précieux  que Dieu a insufflé dans les âmes des humains lors de leur création, afin de les aider à se dégager de la boue originelle .Mais peu d’individus ont pu garder, par la suite, ce souffle salvateur, le seul capable de les élever au plus haut degré de l’épanouissement et à atteindre la plénitude.

Elle dit  en ce sens :

Peu nombreuses sont les âmes
Qui ont été adoucies
Au contact du feu primordial.

Le noble métal,
Il naît comme un diamant
A l’intérieur de notre boue.
Il croît, brille et se répand
Dans notre sang,
En parcourant nos veines !

Le noble métal… image de la pureté !… 
Âmes qui traversent
Tes ponts…

(poème « Le noble métal »)

Cependant , si l’amour de par sa nature première est spirituel, cela ne l’empêche pas de s’élargir ensuite dans le réel vécu pour s’étendre au corps et acquérir , de ce fait, une forme sensuelle, tel Qu’il est exprimé dans ces vers :

Alors, je continue à sentir ton étreinte
Quand, toute nue, je bois tes baisers,
Tes mains se perdent sur mon corps ardent
En cherchant le mystère caché en toute femme

Cette jouissance charnelle  lui donne  ainsi un aspect symbiotique.Et c’est là, à ce qu’il paraît, la réponse à la question que nous nous sommes posée  sur le genre l’amour auquel s’attache la poétesse.
II-L’amour vécu :

L’amour vécu est évidemment de deux sortes selon qu’il soit partagé ou unilatéral, ce qui nous conduit en conséquence à les étudier dans la poésie de l’auteure l’un  après l’autre, bien qu’ils soient en principe contradictoires et ne peuvent se rencontrer chez une même personne.

1-L’amour partagé:

L’amour partagé est celui qui répond globalement à deux critères : l’un a été énoncé par Georg Simmel comme un double mouvement d’interaction du Je vers le Tu et du Tu  vers le Je (5) et le second  a été avancé  par Spinoza(6) en tant que gaudium cum cogitatione aliena c.à.d.  un plaisir, une joie, ajoutée à la pensée d’une autre personne (6 ).

Ce genre d’amour qui est incontestablement le lien sentimental idéal et le plus convoité  par ceux qui désirent vivre une relation amoureuse, nous le rencontrons dans un grand nombre  poèmes de Janice Montouliu comme, à titre d’exemple, le poème qu’elle a intitulé de « je suis là avec toi» où elle décrit à sa façon cette  forte attraction bilatérale:

Je suis là avec toi,
Tu es ici avec moi,
Je te porte dans mon âme
Et dans mon cœur pour toujours.
Je sais que tu me portes avec toi
Dans chaque strophe
De tous les poèmes d’amour.

Ou cet autre auquel elle a donné le titre de « Le spectateur » :

Toi, le spectateur,
Tu t’approches de moi
Et poses ton regard
Dans mon regard guerrier,
triomphant,
Et tu te vois toi-même,
Avec ton âme d’enfant.

*

Tu attaches la
Liberté de mon esprit,
Tu l’entrelaces au tien.
Naviguons
Sur ses océans profonds
Librement … sans contrôle.

… Tu es mon fidèle spectateur adoré.

Ou dans ce troisième  poème qu’elle a dénommé « Désirs » et où elle dit :

Je t’ai offert un sourire
De mes douces lèvres carmin, 
Tu m’as souri
Et nous sommes devenus tout rouges.

Regard dans le regard, 
Je t’ai senti si proche, 
En attendant la suite
Mon cœur s’est mis à battre 
A un rythme vertigineux, affolant.

Je sais que tu as eu
Les mêmes émotions. 
Assis en face de moi, 
Tu n’as pas pu m’offrir 
Les baisers que nos lèvres
Ont tant désirés cette nuit-là

Cependant, la forte présence de ce genre d’amour dans les écrits de cette poétesse n’a pas empêché l’abondance aussi des sous-thèmes relevant de son contraire : l’amour unilatéral, ce qui laisse supposer que la manière  dont elle envisage ce sentiment est plutôt intellectuelle et problématique et non subjective et spontanée.

2-L’amour unilatéral:

L’amour unilatéral  se caractérise par deux traits :le premier est le silence  de l’être aimé, lequel a généralement pour effet  d’entraîner l’amoureux dans un long délire que Jean Rousset a appelé « échange unilatéral »(7) et le second est son absence que Roland Barthes a décrite en ces termes très significatifs : «  L’absence de l’autre me tient la tête sous l’eau p ; peu à peu, j’étouffe, mon air se raréfie : c’est par cette asphyxie que je reconstitue ma « vérité » et que je prépare l’Intraitable de l’amour »(8).

Et identiquement aux contextes où la locutrice se positionne comme étant   partenaire  dans une relation du type « amour partagé », ces deux situations se rencontrent fréquemment dans la poésie de l’auteure  à l’instar de ce que nous voyons dans  ces deux  poèmes qui en donnent une description précise : l’un est intitulé « Ton absence » duquel nous extrayons ces quelques vers :

Tu es loin de moi, 
Je suis loin de toi,
Avec sérénité et calme
Je garde ton absence
Dans ma valise,
Et je pars vers un lieu 
Sans retour
Dans le paysage de mon âme

J’emporte ton absence avec moi
N’importe où que j’aille…

Et le second a pour titre « L’attente » où  l’auteure dit :

Le temps a passé,
Mon cœur agonise
Dans la longue et triste attente,
Mon cœur se noie dans le silence,
Hélas, ton appel n’arrive pas.

Déjà fatiguée d’espérer,
Fatiguée de tant de promesses,
Il se peut que quand enfin
Le téléphone sonne
Je ne puisse pas répondre.
L’existence dans une même œuvre poétique  de ces deux discours diamétralement opposés et presque proportionnellement égaux , en plus qu’ils ne correspondent pas toujours à deux étapes distinctes d’une éventuelle évolution d’une seule et même relation vécue par une seule personne , vu que beaucoup de poèmes de ces deux types d’amour s’alternent fréquemment au cours de  la période de sept ans sur laquelle porte notre étude ( 2009-2016),  est de nature à appuyer la thèse que nous avons supposée au début de cet essai  et selon laquelle cet amour à deux facettes contraires ne peut en aucun cas  être autobiographique.

D’autre part, une autre constatation importante appuierait cette thèse, c’est que l’amour que décrit Janice Montlouliu  dans un bon nombre de ses poèmes est du genre qu’on appelle « l’amour aspiration » dont la caractéristique principale est qu’il est lié au futur et non au présent et qu’il est senti comme une joie souhaitée , ce qui l’assimilerait  pratiquement à une simple compensation dont le but inconscient est de remplacer l’amour réel satisfait.

Et parmi les morceaux qui illustrent le mieux cet amour nous choisissons les trois exemples suivants :

Quand la nuit s’approche, 
La lune s’endort sous la mante d’étoiles, 
Et moi je te berce  dans mes bras
Entre mes sereines vagues..

Et jusqu’à l’aube tu te reposes sur moi, 
Je t’observe,
Je te contemple 
Et je te protégerai
Pour toujours parce que
Tu es arrivé à mon port.

Toute ma vie
J’attends 
Ta radiante arrivée!
Ö! Mon bateau 
Je suis ta maîtresse, 
Je suis l’échelle finale 
De ton odyssée
Ton amoureuse rive!

( poème « Romance d’un bateau et d’une rive »)

L’homme qui me plaît
Doit être romantique, 
Dansant sous la pleine lune
La valse d’amoureux,

M’offrant une jolie bague 
D’escargots dorés
Et gravant un cœur 
Dans l’écorce d’un arbre.

Cet homme qui me plaît 
Ne doit être que parfait
Rêveur et doux 
Comme le miel,

Car “en procurant le meilleur 
Nous abîmons souvent ce qui est bien.” 
 A dit Shakespeare.

Cet homme me plaît.

(poème «  L’homme qui me plaît »)

Nous allons nous aimer
Sur le sable blond 
Sur une plage déserte,
Sous la mante de la nuit
En regardant la pleine lune.

Que tes baisers glissent 
Goutte à goutte comme perles
Dans mon ventre ébranlé 
Dans ma peau blanche de lis.

( poème « Nous allons nous aimer »)

III-L’amour relaté:

Dans les poèmes relevant de ce genre d’amour où l’amoureuse est autre que la locutrice, il nous importe de voir  ici aussi  l’image de celle dont parle la locutrice,  étant donné que son discours est centré toujours sur celle qu’elle désigne par « Elle ».

Bien entendu, la prudence ici est de rigueur, du fait que le jeu sur les pronoms personnels  en poésie et en récit est très ancien  et qu’à ce titre, derrière le pronom « elle » peut bien se cacher  le pronom « je ».Mais pour rester fidèle à notre plan, faisons comme si  les pronoms sont utilisés ici avec leur sens premier. Et dans cette perspective, ce qui est notable d’abord est que toutes  les amoureuses ou presque  vivent un amour partagé. Est-ce par hasard ou parce que du fait que cet amour  soit relaté il susciterait  chez les lecteurs plus d’intérêt, en raison de la charge de fascination dont il est imprégné surtout que la plupart des gens y aspirent et rêvent de le vivre? Ensuite elles sont de toutes sortes : d’aucunes sont convoquées de  contes populaires comme cette adolescente qui tombe accidentellement dans un ruisseau profond et qu’en essayant de la sauver son prince charmant glisse à son tour et la rejoint au fond du fossé pour mourir noyé avec elle. Et lorsqu’on les découvrira, on  les enterrera à l’ombre d’un laurier où poussera sur la tombe de la jeune fille une rose et sur celle du jeune homme un œillet comme  pour symboliser la persistance de l’Amour et sa perpétuation après la mort (poème « l’amour éternel » ).D’autres sont végétales et sont utilisées à titre allégorique  comme cette fleur de lys rongée par la solitude qu’un prince charmant de son espèce , un jasmin, vient faire sortir de son état d’abandon et  emporter avec lui vers des cieux lointains , illustrant ainsi la conception du bonheur chez l’auteure qui se définit  par l’unicité et le rêve :la première  étant la condition nécessaire pour aimer et être en même temps aimé et le second est  l’état idéalement propice  à l’euphorie et à l’envol vers des univers imaginaires( poème  « Le jasmin et le lys »).

Une autre catégorie est puisée dans la réalité vécue comme cette jeune fille qui s’est éprise d’un jeune homme  sans savoir qu’il était atteint d’une maladie incurable et que ses jours étaient comptés. Et le plus tragique dans cette histoire et que ce jeune homme partageait les sentiments de la fille mais il avait  préféré les dissimuler pour ne pas lui causer un choc après sa mort. Ce cas est, certes, rare mais vraisemblable, car les gens appartenant à cette catégorie de condamnés à mort se comptent par milliers et quelques uns d’entre eux peuvent bien vivre une telle expérience amoureuse douloureuse. Et puisque notre poétesse s’est spécialisée dans le thème amoureux en général, il est naturel qu’elle se penche sur un tel sujet.

En tout cas, ces trois exemples sont suffisants pour nous montrer que l’amoureuse lorsqu’elle est autre que la locutrice dans la poésie de Janice Montouliu ne diffère pas sensiblement de celle qui parle à la première personne du singulier, car même si l’amour qu’elle vit est partagé cela ne lui épargne pas  presque les mêmes  douleurs que causent l’amour unilatéral .

IV-L’amour humain universel:

L’amour humain universel est défini en ces termes : « L’amour humain universel se dirige vers toutes les individualités en les considérant comme unies par le fait d’être humain. Être mû par cet amour, c’est aimer ce qu’il y a de typique en l’homme, ce qui unit chaque individualité sous le terme d’homme »(9).

Et si cet amour a été toujours été à travers les siècles marginalisé et dénué de toute importance,  à cause de la montée des sentiments nationalistes et du fanatisme religieux, sauf chez une élite de penseurs et d’écrivains éclairés, l’avènement des réseaux sociaux et la digitalisation à la fin du XXème siècle ont permis d’effriter les distances et faire tomber les obstacles entre les hommes et femmes de plume du monde entier , ce qui a aidé à l’émergence d’une nouvelle conscience basée sur l’amour de l’Autre  et la conviction que le seul chemin qui éviterait à l’humanité de disparaître de la surface de la planète est d’adopter les valeurs universalistes et en premier lieu le sentiment d’appartenance  à la citoyenneté du monde.

Et comme Janice Montouliu était parmi ceux qui avaient découvert et utilisé très tôt l’internet, ce qui lui a permis d’établir des relations  très étendues avec des créateurs et des intellectuels des cinq continents, ce sentiment universaliste n’a pas tardé à naître en elle avant d’acquérir, au fil du temps, de la consistance et de la solidité. D’abord, elle l’a ressenti  au sein de son cercle vaste de poétesse , ce qui l’a amenée à lancer un appel à tous les poètes du monde de s’unir pour face  à la dépréciation  des hautes valeurs dont la valeur du verbe et surtout celle de la poésie à cause de la prédominance  de plus en plus prégnante des valeurs marchandes et mercantiles.

Et parmi ce qu’elle a écrit sur ce sujet les vers suivants :

Dites, si
Nous réunissions
Nos poèmes sans y mettre notre nom
Nous en serions tous leurs auteurs.
Nos strophes tomberaient les unes dans les bras des autres
Au festival des Muses
Et prendraient leur envol vers le Parnasse,
Patrie des artistes.

Dites, si
Nous unissions nos forces !
Sinon, dans quelques années…
La poésie risque de ne plus exister.

( poème « Dites si (pour tous mes ami ( e )s poètes » )

Puis ce même sentiment s’étend jusqu’à couvrir l’humanité entière comme on le perçoit dans ces vers :

A travers l’écran 
J’ai connu des voix, des regards,
Des cœurs, des âmes, des visages
De vrais gens.
Et je peux dire certes 
Et fièrement
Que je les porte 
Le long de mon chemin 
Dans mon cœur de poète.

( poème « A travers l’écran…à travers de La Pantalla »)

Et il est important de dire ici que la constitution psychique de notre poétesse la prédispose pleinement à  s’animer d’un tel sentiment. Ce que décrit à merveille ce majestueux autoportrait concis débordant de sincérité et de spontanéité et que nus reproduisons tout entier :

Mon âme
N’est nullement
Déguisée
Pour tromper
La vie,
Elle est habillée
D’un vêtement
De fiancée 
Quand dans 
Son visage 
Son doux
St beau sourire 
Apparaît.

Quand 
Elle écoute 
Les compas 
Rythmiques 
D’une belle 
Mélodie,
Elle danse près 
Du cœur
Les valses 
De la joie.

Mon âme
N’utilise pas
De déguisements
Pour duper
La vie,
Elle porte
Un vêtement
De deuil 
Quand elle
Sent la tristesse
Et sanglote
D’ agonie.

Elle porte 
Un bouquet
De coquelicots 

A la tombe 
De son angoisse, 
Et marche lentement
 A la recherche 
D’un cœur, 
D’un ami 
Qui la réfugie

Mon âme 
N’utilise pas 
De déguisements, 
Elle n’est pas nue,
Mais elle est vêtue 
De deux vêtements,
Celui de la mort 
Et de la vie, 
Parce que dans
Mes poèmes 
Mon âme meurt
Et ressuscite.

( poème « Âme sans déguisement »)

 

Conclusion :

Nous avons essayé dans ce  court et rapide essai de présenter une vue d’ensemble sur l’expérience poétique de la poétesse uruguayenne contemporaine Janice Montlouliu, qui s’est fait l’écho ,  depuis plus de sept ans dans les innombrables poèmes qu’elle a  publiés sur les réseaux sociaux et surtout sur facebook, du bonheur et du malheur ,de la douleur et de la joie, des déboires et des victoires  de l’être humain moderne dans le champ ô combien miné de l’amour ,y incluant ses propres épreuves. Et le résultat de cette activité créatrice intense est une œuvre poétique de choix élégamment écrite et finement ciselée  , formant un tout solide et cohérent malgré sa large diversité et  qui laisse entrevoir une femme fascinée par l’amour dans toutes ses formes :tantôt elle apparaît comme une amoureuse passionnée , tantôt elle se met dans la peau d’une psychologue praticienne , parfois elle chante à haute voix ce noble sentiment et quelques fois elle acclame l’amour humain universel, d’où le pseudonyme arabe que je lui ai donné et avec lequel elle a signé plusieurs de ses poèmes : «  Shems el hob »  ( le soleil de l’amour ).

Références bibliographiques :

1-Platon, Le Banquet, traduction française de Émile CHAMBRY , Classiques Garnier , Paris 1922

2-A titre d’exemple Sigmund Freud conçoit la sublimation comme suit :« Si cette énergie de déplacement est de la libido désexualisée, on est en droit de la nommer aussi sublimée, puisqu’en servant à instituer cet ensemble unifié qui caractérise le moi ou la tendance de celui-ci, elle s’en tiendrait toujours à l’intention majeure de l’Éros, qui est d’unir et de lier ».Voir :  Le moi et le ça in Essais de psychanalyse , collection  « Petite bibliothèque Payot », Paris 1981 p 259

3-Hipper( Denis), « L’amour naissant : les ressorts dramaturgiques d’un élan sentimental  », Sociologies [En ligne], Premiers textes, mis en ligne le 15 novembre 2012, consulté le 17 juin 2016 p 28

4-Goarzin(Maël), « André Comte-Sponville, L’Amour en quatre leçons de philosophie. Amour et Bonheur (DVD 1) »,Lectures [En ligne], Les comptes rendus, 2013, mis en ligne le 12 novembre 2013, consulté le 17 juin 2016. URL : http://lectures.revues.org/12655

5-Simmel( Georg), Philosophie de l’amour (traduction de l’allemand par S. Cornille et P. Ivernel), Edition Rivage,  Paris, 1988 p 11

6-Ibid. pages 203 – 257 -168

7-Spinoza (Baruch), l’Ethique, trad. d’A. Guérinot, IVREA, Paris, 1993, Ethique III, proposition LVI

8-Rousset(Jean), Forme et signification, Librairie José Corti, Paris1962 p 78

9-Barthes (Roland), Fragments d’un discours amoureux, collection « Tel Quel »,Editions du Seuil , Paris 1977 p  24

10-Jamet ( Samuel), Érotique et individualité, Une réflexion sur l’amour dans : Philosophie de l’amour de Georg Simmel, Séminaire de Philosophie morale et politique sur le thème de : « La relation  à autrui  sous la direction de  Patrick Lang , Université de Nantes, Département de Philosophie,  Année 2012 – 2013 p 12

 

 

 

 

 

 

Un commentaire

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    Là, sont les empreintes qui demeurent vivantes et à jamais malgré les intempéries…Toute mon admiration ! Pr. Mohamed Salah Ben Amor

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