La traduction entre la fidélité et l’altérité par : Sadok Gaidi – Fouchana -Tunisie

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Sadok Gaidi – Fouchana -Tunisie

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L’opération traductive est en elle-même un dilemme devant le traducteur du texte littéraire ou artistique. Certaines embûches se dressent sur le chemin de cette aventure à risques autant pour les « sourciers » que les « ciblistes ». Fallait-il insister sur le texte d’origine ou d’arrivée ? fallait-il être fidèle à la source ou l’abandonner au volet esthétique ?Ou encore mettre à l’avant  la proportionnalité syntaxico-linguistique ?

Un éventail de questions posées avec acuité lors du passage d’une rive à l’autre, d’une culture à l’autre en imaginant les risques que pose l’opération traduisante entre les frontières des deux langues « source » et « hôte ».

Ce passage inter-langue nécessite des procédés techniques qui peuvent être classés en trois opérations principales : l’adjonction, la suppression et la transformation.

L’étoffement dit aussi enrichissement s’impose en cas de lacune linguistique dans la langue de départ pour rendre le sens acceptable, intelligible en langue d’arrivée. Dans ce cas, on est tenu d’ajouter des syntagmes, un mot, une structure pour l’adapter enL 2 (celle d’arrivée).

A contrario, la traduction exige la suppression d’une unité lexicale afin de mieux passer le sens, garder la cohérence sémantique et structurale. La segmentation du réel étant différente d’un système de pensée à l’autre. Le volume de syntagmes  varie de L1 « langue de départ » à L2.

La transformation devient de mise afin d’obtenir l’équivalence approximative, en cela l’emprunt à un mot étranger généralement admis dans la langue adoptive. Des vocables devenus usuels en français, citons  week end, fast food, cocktail. Souvent la prononciation est souvent francisée dans certaines dénominations. Prenons l’exemple de « budget » en anglais qui change sa prononciation chez les français. En outre, un tel mot subira la dérivation. Notons budgétiser, budgétisation, budgétaire.

Le calque est proche du « mot à mot » parce qu’ne cherche une équivalence lexicale, syntagmatique pour rendre compte de la signification demandée. C’est un exercice qui n’est pas dynamique car il ne pose pas de risque pour le traducteur. Par exemple « téléphone cellulaire /fr» à pour équivalent » cell phone/ang ».

A ceci s’ajoute la modulation  qui consiste à changer un syntagme par un autre.C’est une recatégorisation grammaticale.De l’adverbe on passe à l’adjectif , du verbe au nom etc.

Prenons l’exemple de la phrase « So dreadfully sentimental/ang » qui donne « plein d’horrible sensiblerie/fr ».Dredfully est un adverbe alors que horrible est un adjectif en français.

La traduction dynamique appelle l’imaginaire fécond du traducteur qui acquiert une maîtrise des deux cultures, leur civilisation, la vie des mots en société. Le texte produit est transnational, va au-delà des frontières. Une sorte de « 3ème texte » passeur de culture et de dialogue entre les peuples. A côté de la communication, la traduction porte sur la dimension sémantique et métaphorique en gardant intacte la cohérence et la signifiance textuelles. Mieux encore, la bonne traduction fait en sorte de créer l’effet voulu par l’auteur du texte initial chez le lecteur étranger s’enrichissant par conséquent du texte d’origine.

Un texte n’est pas plat ou figé mais dispose de sa dynamique interne qu’il fallait éclater…C’est dire qu’il est riche en références parce qu’il renferme des symboles lesquels référent aux mythes universels. Les métaphores charrient ces notions de rencontre entre les peuples aussi. La musicalité et le rythme sont pris en ligne de compte. Au fait tout texte ou poème ne montre qu’une partie infime de sa profondeur. Un traducteur outillé d’une large culture, de communication avec les gens pourrait, un tant soit peu, sonder le paysage intérieur du poète, l’artiste en question. Interpréter revient à dégager l’implicite du contenu, son foyer générateur ou sa matrice. Passer le goût et les senteurs des lignes, des blancs, des lettres est l’aspect dynamique de l’acte traductif réussi.

 

 

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