Trois poèmes de Fatima Maaouia-poétesse tuniso-algérienne –Tunis

Fatima Maaouia

Monoprix

L’autre jour au rayon de la jeunesse,
J’ai choisi ce qui manque le plus à la vie
Avec tout le stress qui oppresse 
Et le gris. 
Express :

Mon choix est vite fait !
J’ai choisi …

Ou, au fait…
Est-ce eux, en catimini 
Qui l’ont fait?

J’ai choisi
Des produits sans prix :

Le souffle frais 
La tendresse
La pensée vraie
Un air de fête 
Dans le cœur 
Et la tête …
Les épices de la gaieté 
La paume de l’amitié 
Le baume générosité 
La fleur de la santé…
L’amour en prime
Plein de rimes 
Et la lune !

L’autre jour au rayon de la jeunesse,
Qui revient à la charge sans cesse …
Pour prendre d’office places et citadelles
Et mettre son grain de sel
Quand la vie chancelle

J’ai choisi le soleil !

Bagou…

La vie a une très grande facilité de parole
Lorsqu’elle secoue votre prunier
Et vous décolle du sol
Elle le dit en un mot
Un point c’est tout 
En plus c’est le dernier
Alors que vous n’êtes ni dernier ni premier
Et que pour vous 
C’est toujours une première 
Et une dernière.

Ce-messieur-assieds-toi-ici

Ce-messieur-assieds-toi-ici

Qu’est-il devenu ?
Ce-messieur-assieds-toi-ici…
Rassi,
Croisé en ces temps là
Dans ce bus poussif
Entre deux pays ?

Dans le pauvre cabas
Posé à terre
Son butin de guerre :
Deux pommes de terre,
Du persil à plat
Trois oignons et trésor suprême…
Tressautant de toutes ses molécules 
A droite, au centre, à gauche, de rive en rive 
Tel
Capri
Rétif 
De l’Atlas au Tell
Au mépris 
De tous les partis,
Frontières, imbéciles
Et patries, veines
Non indemnes d’œdèmes …
Triste et éblouissante lumière :
A titre de diadème 
Un demi litre d’huile d’olive…

Apparition inattendue
Mais pas impossible non plus

Était-il de chez d’ici 
Ou de là bas ?

Mort ? Vif?

Qu’est- il devenu aujourd’hui 
“Ce-messieur-assieds-toi-ici…
Rassi
Triste et gris
Croisé en ces temps- là
Dans ce bus poussif
Où personne ne sourit et ne rit 
Entre deux pays ?

La main du voyageur
Insigne propriétaire de tout cet or
Posée sur les victuailles
Bâillant aux entrailles
Que de déchirures, de callosités, de cors
de fractures, d’entailles
Étalées failles sur cette auguste main brune de travailleur
Jasmin, géométrie éclatée
Qui jamais ne chôme 
Où la chair détale
Que l’œil avec horreur
Détaille

Il semble, Il semble
A la vérité 
Qu’aucune philtre d’amour, baume 
Générosité 
Extrait des meilleures huileries d’Afrique du Nord
Grenier à blé de Rome
Ne pourra jamais, jamais hydrater
De justice et de vérité
Cette main, feuille-miam-miam
Nue
Que sans états d’âme 
Les nantis 
Ont mis
Corps et âme 
Crus
Dans leurs entrailles.

 

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*