Poème du jour (Nouvelle série) no 68 : Je n’ai pas eu droit par :Wolf Gorbatchev Oscar – Port-au-Prince ,Ouest Haïti

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Wolf Gorbatchev Oscar – Port-au-Prince ,Ouest Haïti

 

Je n’ai pas eu droit
Je n’ai pas eu droit à une enfance
Mais j’essaie d’exister
La vie a une nouvelle flagrance
Quand on ose avancer
Je n’ai pas eu droit à des bouquets de câlins
Mais j’essaie de panser l’absence
Vivre sans compter sur le lendemain
Est un mal qui conduit à la déchéance
Je n’ai pas eu droit à un sourire
Mais j’essaie de tromper mon cœur
Au-delà des souffles de la terreur
Il y a le rêve qui combat le pire
Je n’ai pas eu droit à l’abri de l’amour
Mais j’essaie de chérir chaque jour
Il y a de l’or dans chaque instant
Il suffit de valser avec le temps
Je n’ai pas eu droit à l’espérance
Mais j’essaie d’inventer une raison d’être
On ne peut fonder l’avenir sur la chance
L’espoir est maître

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor :

 

Ce poème dans lequel  l’auteur nous  brosse un autoportrait émouvant tombe à pic, du fait qu’il n’a intégré notre groupe que depuis seulement deux jours et nous avons donc besoin de connaître même approximativement  quelques traits  de son univers poétique et de son style. Grammaticalement, le texte  est construit sur une  structure constante reprise cinq fois 🙁 Je n’ai pas…/mais…) exprimant l’exclusion, laquelle a  donné  au poème, d’un côté, une texture rythmique interne soutenue et bien agencée  et, de l’autre, sur le plan sémantique, l’impression de l’existence d’une disposition psychologique stable marquée par un manque affectif sévère  (Je n’ai pas eu droit à une enfance – Je n’ai pas eu droit à des bouquets de câlins – Je n’ai pas eu droit à un sourire – Je n’ai pas eu droit à l’abri de l’amour – Je n’ai pas eu droit à l’espérance) et en même temps par une force de caractère remarquable qui permet au locuteur  à tout moment, non seulement de remédier à ces manques mais aussi à essayer de surmonter tous les obstacles qui se dressent sur son chemin   (Mais j’essaie d’exister – Mais j’essaie de panser l’absence – Mais j’essaie de tromper mon cœur/ Au-delà des souffles de la terreur – Mais j’essaie de chérir chaque jour /Il y a de l’or dans chaque instant – Mais j’essaie d’inventer une raison d’être…) armé en tout cela du rêve  (Il y a le rêve qui combat le pire ) et de l’espoir (L’espoir est maître).Ce qui rangerait à première vue ce poète parmi  les intellectuels optimistes qui croient  que le destin de l’homme est entre ses mains et que le seul moyen de s’imposer dans ce bas-monde plein de mal est de posséder une volonté de fer.

Stylistiquement et en raison du  genre de poésie qu’il a utilisé ici, à savoir la poésie de réflexion, l’auteur n’a peut-être pas vu l’utilité de travailler suffisamment sur les images. Attendons ses prochains poèmes pour avoir une idée précise sur ce côté-là.

 

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