Empathie : par :France Burghelle Rey – poétesse française – Paris

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France Burghelle Rey – poétesse française – Paris

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Bohémien de la vie et des mots
qui pour asile avons le vent
nous sommes les damnés de nos terres
et dans nos villes des sans-abri
mais sommes rédemptés par ces vers
où le silence est neige
où les signes sont routes
dans des soirs qui tombent
Quand tu parles j’écoute
Mon oreille est maison
Et même nomade j’ai chaud

 

France Burghelle Rey – poétesse française

 
Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor :

 

L’auteure de ce poème tente en quelques vers, onze en tout, de brosser un autoportrait collectif (avons – somme) de la catégorie appelée « poètes » à laquelle elle appartient et qu’il est pratiquement très difficile de définir. Et la preuve en est que les poètes ne jouissent  d’une reconnaissance officielle dans aucun pays du monde et que la qualité « poète » ne figure pas dans leurs papiers d’identité, contrairement aux hommes et femmes de théâtre, aux cinéastes et aux musiciens. Ce qui légitime le traitement de ce thème par les poètes eux-mêmes qui ont le droit de se poser cette question brûlante : Qui sommes-nous ?
Néanmoins, l’ambigüité extrême de la nature aussi bien fonctionnelle et sociale que psychique de cette catégorie de personnes ne facilite guère, en principe, à aucune d’elles, la tâche d’en tenter une définition générale. Ce qui fait que la seule possibilité offerte, dans ce cas, à un ou à une poète donné (e  est de se définir soi-même. Et c’est ce que voyons clairement dans ce poème où l’auteure, après avoir parlé, dans les dix premiers vers, au nom des poètes, a fini son discours par l’utilisation du pronom personnel « je », ce qui montre qu’elle ne faisait, dès le début, que les identifier à elle-même et que ce poème est, enfin de compte , un autoportrait individuel et non collectif. D’où le choix de ce titre significatif « Empathie ».
Parlant de là, nous pouvons prendre connaissance de l’image du « poète », telle que la conçoit l’auteure de ce poème et qui se caractérise par la dualité tragique qu’il vit : d’un côté, il est marginalisé et rejeté dans la réalité vécue (pour asile avons le vent/nous sommes les damnés de nos terres/ et dans nos villes des sans-abri) et de l’autre, il éprouve une certaine satisfaction et un certain équilibre, bien que fictifs ,dans son univers poétique (sommes rédemptés par ces vers ),la rédemption étant « l’action de ramener quelqu’un au bien »(Larousse).
Stylistiquement, ce poème se distingue par l’accumulation des symboles pour décrire les deux états d’âme opposés du poète dans le réel et dans son monde poétique (le vent : dispersion et désordre mental – la ville : la perte d’identité au sein d’un groupe vaste – la neige : pureté + la sensation de protection sous le manteau blanc*-La route : la marche volontaire dans le chemin de la vie–la maison : l’univers féminin interne loin des tracas du quotidien).

Bravo France, une bonne mention pour ce poème concis mais bien écrit !

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