Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :42–Les poèmes de Patrick Berta Forgas :42-3:L’HIVER EST DÉCLARÉ

[extrait du 5]

( … )

 

Les enfants seront nus et seuls.

La terre perdra ses océans.

 

La lumière sera l’oubli

des ombres mélangées

des soleils …

 

Les cœurs et les âmes

dans une guerre de loterie…

 

La puissance est l’éclair

d’un orage qui rode

et regarde.

( … )

 

L’hiver est le symbole archétypal donc universel de la vieillesse et de la fin de cycle. Et son utilisation ici par l’auteur concorde avec la vision pessimiste sombre que nous lui connaissons à l’égard de l’univers et de  la condition et la destinée humaines. Le qualificatif de” déclaré ” dans le titre signifie que la dernière étape et fatidique du parcours de l’humanité est arrivée. Et elle aura   , selon le regard prophétique de l’auteur  , la forme d’un terrible cataclysme sidéral , caractérisé par la  disparition définitive de la lumière (    la lumière sera l’oubli des ombres mélangées des soleils…)  ,  l’assèchement total de la planète  (la terre perdra ses océans  )  et l’extinction de l’espèce humaine (les enfants seront nus et seuls ) . Et cette fin tragique découle de la conviction que l’univers et l’être humain portent  en  eux-mêmes les germes de  leur destruction , que leur existence n’est  que le fruit d’un hasard fortuit  , que la force qui régit le cosmos est aveugle et gratuite  (  La puissance est l’éclair d’un orage qui rode et regarde ) et  que le sort de l’homme se jouera  sur un coup de dé (les cœurs et les âmes dans une guerre de loterie…).

Stylistiquement, le poète  a dépeint ce tableau terrifiant par des  touches brèves et lumineuses à la manière des impressionnistes  sous forme d’écarts   qui se succèdent sans la moindre liaison grammaticale   (Les… – La… – La…Les …– La … ) .Ce que l’on appelle en rhétorique ” asyndète ” .