Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :42–Les poèmes de Patrick Berta Forgas :42-2: ZONE HUMAINE

Patrick Berta Forgas

1.

 

J’ai osé les morts

pour encore écrire

ce que vivant

Je souffre !

2.

 

Je veux des gens gentils

aux regards simples.

 

J’attends des heures

d’amour et de liberté.

 

Ce silence de l’espoir

est une condamnation !

 

S’écrivent et bruissent

mes minutes d’attente.

3.

 

Un oiseau est venu

prendre de mes nouvelles

et puis est reparti

: je n’ai plus d’ailes …

4.

 

Noces faites d’alliance

inconnue et sans bijoux.

5.

 

La croisée des doutes

pour une infinie direction.

6.

 

La fraîche odeur

de nos réveils

quand la nuit s’attarde …

7.

 

Je veux que sèchent nos yeux

au souvenir de nos bonheurs.

8.

 

Comme il est beau

le toit de notre maison.

9.

 

S’offrent ou s’achèvent

des moments de sang …

10.

 

Tous les rendez-vous

ont des rimes

d’immortelle déprime.

11.

 

Ils s’appartiennent

ruptures et retards.

 

Le silence est un éphémère

aux ailes d’absence …

 

Certains noms reviennent.

Ils illuminent mes couloirs

de signaux bleus

et dessinent des hommes.

12.

 

Trancher la torche

juste sous le feu,

pour tenter l’enjeu.

13.

 

L’avenir est au doigt

d’une dictature caniculaire.

14.

 

Si belle, la créance du cri

quand s’étale la guerre

que l’on voulait cacher.

15.

 

L’outil de la confiance

est d’une telle imposture

que personne ne la connaît !

16.

 

Comment rassembler les rêves

de nos sommeils ?

 

Comment apprendre la nuit

qui enfante sans bruit

le matin des douleurs ?

17.

 

Il pleut si souvent

dans nos étés,

que les souterrains regorgent

d’incroyables corps.

 

La sueur est-elle une issue ?

18.

Le principe est de couleurs

mais l’ignorance est un cœur

le mélange des sangs.

19.

On finit toujours

par vivre avec ses morts !

 

Ce discours  fortement tissé de sens seconds et de connotations , conformément au choix stylistique de l’auteur  qui aspire  par ce  procédé esthétique  à atteindre un degré très élevé de poéticité  s’il rebute  les profanes,  il ne constitue nullement un handicap insurmontable pour les connaisseurs  qui trouvent dans  le lexique utilisé  des brèches  laissant entrevoir les structures profondes du texte .En effet , si l’on part de ce niveau,  nous apparaîtra une dualité pertinente fondamentale  de laquelle  a  été  généré tout le poème : espoir / désillusion (  Je veux des gens gentils aux regards simples / l ‘avenir est au doigt d’une dictature caniculaire    ) dont chacun de ses éléments  est   le mot générique  d’une isotopie. Parmi les unités faisant partie de l’isotopie « Espoir » nous citons (oiseau –  fraîche odeur – bonheurs liberté – amour  – espoir –  beau – illuminent – confiance – rêves… )  tandis que celle du Désillusion   regroupe presque tout le reste des lexèmes et expressions  utilisés dans le poème dont (Je souffre    –  silence de l’espoir – je n’ai plus d’ailes – sans bijoux – la nuit s’attarde –  immortelle déprime –  ruptures  – retards  –  absence   – dictature caniculaire  – guerre  – imposture  – ignorance –  douleurs  – sangs – morts… ), sachant que le tableau que brosse ici le poète n’est pas celui de sa propre psyché mais plutôt  de l’essence de l’âme humaine   qui bien que consciente  qu’elle est condamnée  à un échec inévitable s’accroche à l’illusion pour s’alléger momentanément du fardeau existentiel qui pèse sur elle. Et à cette vision  profonde  et singulière que véhicule le texte s’ajoute  la finesse  extrême avec laquelle ces idées ont été illustrées  au moyen d’images ,  pour la plupart ,  inédites résultant d’associations linguistiques originales .

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