Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :40– Les poèmes de Laurent Mourot-Faraut :40-6 :Perdre mes sens…

Laurent Mourot-Faraut

 

Chut, chut… Chut…

J’entends le vent qui revient, de loin,

Et le bruit de l’acier qui perd ma raison,

Je redécouvre la vie, les armes aux cœurs,

Et j’ai envie de toi, de te faire l’amour,

Jusqu’à me désirer, enfin,

Je sens mes mains qui glissent sur toi,

Je gagne le contrôle, je t’offre mes promesses,

Et, et, tous mes rêves qui te parlent de moi,

Chut, chut, chut…

Les trains reniflent encore leurs chemins,

Et tout comme moi, suivent leurs rails,

Je traverse l’univers pour arriver jusqu’à toi,

Mes mains se tressent dans tes cheveux,

Le monde se met à tes genoux,

Et se démêlent, et je tombe de ton peigne,

C’est la vie qui revient et qui recommence,

J’entends le bruit des vagues dans le ciel,

L’amour qui recommence à se fumer,

Les anges s’amusent même à me dire au revoir,

Et moi, moi je m’abreuve de tes sentiments,

Je parle au ciel, de moi, et des esprits,

Ils sont si nombreux à m’avoir dit,

Je traverse les océans et tes caresses,

Chut, chut, chut,

Je ne les entends plus, ni tes rêves non plus,

Mais où sont-ils, ils m’oublient, tu m’oublies,

Chut, chut, chut,

J’entends des montagnes grogner dans le ciel,

Mais je ne vois que des déserts, de toi,

Je tremble en posant ma main sur une dune de toi,

Ton corps en tremble, j’y dépose un baiser,

Je m’enivre, je pose mes doigts sur tes sens,

Et mes rêves finissent par te ressembler,

Puis, puis à ne me parler que de toi,

Je ne change pas mes sens,

J’ai peur qu’ils deviennent interdits,

Chut, chut, chut,

Je reviens, mais je n’y suis pas allé,

Mon cœur est en sang, de toi,

Mon amour, mon amour vient avec moi,

La route est longue et obscure,

Je l’éclairerai de ma raison même si j’ai tort,

Viens, viens, personne ne nous montre du doigt,

J’effleure tous les nuages de toi,

Chut, chut, chut,

Mes lèvres se posent sur tes désirs,

Je tremble de l’odeur de tes draps,

Et tes promesses ressemblent enfin aux miennes…

 

Dans quelle catégorie autre  que celle de l’amour obsessionnel peut-on classer cet amour  apparemment à sens unique qui effleure  la morbidité ? L’obsession  a  l’aspect d’un désir explicitement charnel (j’ai envie de toi, de te faire l’amour – je sens mes mains qui glissent sur toi ) flamboyant et fracassant auquel a succédé ,  à partir du vers 24 , une désillusion amère (Je traverse les océans et tes caresses / chut, chut, chut /je ne les entends plus, ni tes rêves non plus/ mais où sont-ils, ils m’oublient, tu m’oublies   ) .Quant à la morbidité , elle prend d’abord la forme d’un auto-désir pervers ( je me désire moi-même  ) puis celle d’un fétichisme (Je tremble de l’odeur de tes draps ) .Et à ce stade-là , il faut parler d’un amour maniaque plutôt que d’un simple amour obsessionnel  surtout qu’il est vécu, en l’absence d’une partenaire , comme une expression  maladive d’un désir refoulé  ( tout en rappelant que je ne parle jamais dans mes commentaires de la personne de l’auteur mais seulement du «  je «  dans le texte ) .

Regardons à présent du côté  du niveau esthétique qui demeure toujours le plus important en art .Sur ce plan, le poète a excellé dans l’usage de l’hyperbole  ( ou l’amplification ), la figure la plus appropriée  à ce sous-thème bien particulier .Ce qui nous a gratifié  d’une série d’images « décoiffantes » telles que : ( je traverse l’univers pour arriver jusqu’à toi – mes mains se tressent dans tes cheveux, le monde se met à tes genoux, et se démêlent, et je tombe de ton peigne – je ne vois que des déserts, de toi, je tremble en posant ma main sur une dune de toi ).  Bravo Laurent !

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