Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :36–Les poèmes de France Bernard:36-3: Le présent est indifférence

France Bernard:

 

Je disperse la brume légère 
Qui m’enveloppe dans mes rêves
Certains filent devant moi
Et s’en vont évanescents
Rejoindre ceux qui dansent
Aux creux de mon âme…
Et je songe à ton silence
Qui bouscule ma mémoire
Le présent est indifférence
Je pardonne à l’absent
Tes yeux ne sont que moment…
Le trop plein de mon cœur
Rythme les larmes de mes mots
Qui glissent de mes paupières
Et noient ma vie au fond de l’infini.

 

Dans ce mini-poème plein d’effusion lyrique , centré massivement sur le « je » dans ses différentes formes (je disperse m’enveloppemes rêves – devant moimon âmema mémoire je pardonne- mon cœurmes motsmes paupièresma vie), son auteure se brosse un tableau exalté, à travers lequel elle décrit un état d’âme constant ou passager marqué par quatre éléments constitutifs : le rêve , la mélancolie , la perte de contact avec le monde réel  et l’extinction de la notion de temps .L’élément onirique se distingue, d’abord par son caractère hétérogène, né du fait que certains de des rêves de a locutrice sont portés en avant et vers l’extérieur du Moi (mes rêves certains filent devant moi ) tandis que d’autres rebroussent chemin et font effet de boomerang ( s’en vont évanescents rejoindre ceux qui dansent aux creux de mon âme…),ensuite par leur éparpillement, étant donné qu’ils ne siègent pas à la même place à l’intérieur de la psyché, ce qui révèlerait une incapacité de connaître ce qu’elle veut et à quoi elle aspire. Quant au second élément, en l’occurrence la tristesse, bien qu’il ait été suggéré par une seule portion de phrase (les larmes de mes mots qui glissent de mes paupières et noient ma vie) et retardé jusqu’à la fin du poème, il semble jouer le rôle le plus important dans le texte, en étant la cause des trois autres .La présence des deux éléments restants :la perte de contact avec monde réel et l’extinction de la notion de temps n’indique point que l’état d’âme de la poétesse est tout simplement lyrique mais dévoile plutôt une inquiétude existentielle profonde probablement née de la sensation de solitude et de l’insignifiance du Moi devant la grandeur illimitée et infinie de l’univers.

Un poème bourré de sens condensés en peu de mots , très léger et plaisant à lire.

 

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