Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :33–Les poèmes de Patrice Merelle:33-2: Paris, la nuit,

Patrice Merelle

 

Où vont les sveltes silhouettes
Que la nuit secrète entraine ?
Vaquez ! Œuvrez à l’œuvre incomplète
De cette vie qui nous emmène
Jusqu’au prochain arrêt définitif.
J’entends les lents freins d’un tramway,
Siffler dans l’air, comme du temps passé,
Et je contemple les chevaux de passage,
Qui me transportent pour un autre voyage,
Jusqu’au prochain arrêt définitif.
Paris, la nuit, l’imagination demeure,
Paris, la nuit, des fenêtres qui s’illuminent
De gaietés, de tristesses, et parfois de peur,
Quand un quelconque dehors chemine,
A la recherche d’une âme vagabonde.
La nuit appartient au vivant, comme c’est charmant
La nuit appartient au dormant, comme c’est tentant,
Et je me grise, aux heures prises, quand s’évanouissent
Mes pensées inutiles, si futiles, -elles s’enfouissent
Dans mes cellules qui, par amour, abondent !-
Espérances des errances nocturnes sur les boulevards,
Appétence rance d’une lassitude appelant ma solitude,
Combien de cœurs amoureux errent encore tard ?
Combien de ces yeux amoureux aux promesses d’habitudes
Se donnent en spectacle -des baisers langoureux- ?
Alors, quand l’ennui luit en moi, je me sens pousser
Des ailes et je m’envole pour une promenade,
En peuplant des images de gens, de camarades,
Rencontrés sur le macadam, des silhouettes effleurées,
A tous ces bonheurs aperçus, à tous ces gens heureux

 

Ce poète n’est pas nouveau dans notre groupe comme le laisserait penser son nom que la plupart de nos amis méconnaissent mais il paraît que des circonstances l’auraient obligé de le changer ( l’ancien était Patrice Merelle, Auteur, Poète ) sans qu’il eut jugé nécessaire de nous y mettre au courant. Ce qui nous a empêchés de continuer à faire le suivi de ses publications. Tans pis ! L’important est d’effectuer, à cette occasion, sa réintégration au groupe par le retour à la lecture de ses poèmes dans cette rubrique. Ce nouveau poème qu’il nous propose aborde le thème très ancien et extrêmement répandu de la ville. Et pour être bref et précis disons que ce thème est dénué de toute spécificité et qu’il se colore selon le type de relation que l’auteur entretient avec un espace urbain déterminé. Et c’est ainsi que cet espace peut être aussi bien un lieu d’exil ou de détention psychologique qu’un refuge ou un accessoire de plaisir propice au défoulement. Pour l’auteur du poème ci-haut, le thème de la ville se place dans une branche de la poésie lyrique qui l’a affranchi de la vision péjorative que les romantiques portaient sur l’espace urbain et surtout l’atmosphère lourde et gênante qui pèse sur lui et qui entraîne ce qu’on appelle « le malaise citadin » et l’a intégré à un nouveau regard qui entrevoit dans cet espace des points lumineux et attractifs tel que le lever du soleil sur la ville ou sa vue au moment du crépuscule ou le défilé des passants sur l’avenue ou les souvenirs que ses sites ,ses rues ,ses jardins publiques ou autres lieux réveillent chez ceux qui y ont vécu … Ce genre de résidu émotionnel que l’auteur associe ici, dès le début du poème, à la vie nocturne de Paris le traverse de part en part et se ravive à chaque pas, entraînant le locuteur dans des rêveries apaisantes et relaxantes, lesquelles ont constitué des occasions renouvelées pour tisser une série de belles images pour la plupart inédites .

Un poème plein d’émotion et de nostalgie, bien conçu et finement ciselé .Bon retour Paul-François ex Patrice !

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