Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :32–Les poèmes de Mohammed Derkaoui : 32-6:instincts salutaires 5 mai 2019 Mohammed Derkaoui Un regard traquant Surprenant Paralyse mes paupières Pour un long voyage Dans l’arrêt du temps. Attirée par cette envie Atténuée par une profonde Timidité La maturité de mon esprit Se laisse emporter Par ses rayons À la fois doux et tourmentés. Est-ce un coup d’œil attristé Qui cherche où s’abriter ? Un cœur agonisant En quête d’un confident ? Ou juste un souvenir Qui s’égare un instant ? Comme une foudre Qui n’attend pas la saison Tant de réponses Tant de questions Inhibent ma raison Combien de fois Devrai-je passer À côté de mes émois ? Ou devrai-je dire : Ignorer cet éclair noir Qui perce et persiste Dans ma mémoire ? Combien de fois Devrai-je porter la djellaba Couvrir ma tête Et ne voir qu’en bas ? Mon corps se réchauffe Il n’y a aucun doute Mon cœur et mon esprit Tellement enveloppés Qu’ils ne cessent de s’apostropher. Un jet de lumière Frôle le sédentaire M’invite à errer Avant de ciller Avant qu’interfèrent Songes et réalités. Voici un poème d’un genre peu commun où son auteur ne se contente pas de porter son regard sur le monde et les choses et laisser aux récepteurs qu’ils soient auditeurs ou lecteurs le soin de l’interpréter mais il se plaît de l’interpréter lui-même, ce qui revient pratiquement à se confier la tâche très délicate de porter un regard analytique sur son propre regard, une tâche qui revient normalement au psychologue ou au psychocritique .Néanmoins, rien n’est plus étrange en poésie à notre époque où cet art ne cesse de faire tomber toutes les barrières que ce soit au niveau du style ou des thèmes . Essayons à présent de traduire la démarche suivie par le poète dans cette approche et les constatations auxquelles elle a abouti .Son point de départ a été le désir de savoir quelle est la part de chacun des deux hémisphères de son propre cerveau dans sa manière de regarder le monde réel : l’hémisphère gauche qui abrite l’intellect ( esprit – ma raison – réalités) et le droit où siègent les émotions (profonde timidité – attristé – cœur agonisant- errer- Songes) , sachant que chez les poètes philosophes , c’est l’activité du premier qui prédomine tandis que l’influence de l’autre est la plus prononcée chez les poètes lyriques et engagés .Qu’en est-il alors chez notre poète selon les propos qu’il nous tient dans ce texte ? Il se situerait tout juste au milieu (mon cœur et mon esprit tellement enveloppés qu’ils ne cessent de s’apostropher – interfèrent songes et réalités ), grâce , sans doute, à une intervention proche des deux moitiés, une disposition mentale et intellectuelle idéale qui lui permet de transcender les conditions classiques des genres établies par les différentes écoles artistiques et littéraires pour se forger son propre univers poétique . Un poème d’un genre nouveau qui, tout en surprenant le lecteur averti, l’enchante et le séduit. 2019-05-05 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet