Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 26–Les poèmes de Gaëtan Parisi : 26 -24 : Coups, Leurres d’automne

Gaëtan Parisi

 

Déjà l’automne s’endort dans tes yeux
Et sa voix 
Se lamente comme le vent 
Lent 
Du temps 
Qui passe 
Il entasse 
Des marées de tristesse 
Sur tes cheveux couleur tendresse
Un arc-en-ciel d’ocre et terre de sienne 
Il faut vraiment que tu reviennes
Je t’aperçois sous le noir de ce soleil
Où nos nuits d’amour sont le rêve 
D’un mauvais sommeil 
Ma vie aux joies trop brèves 
S’écoule 
Elle coule
Monotone 
Comme 
La chute de haut
Des feuilles 
Du saule et du bouleau
Il faut vraiment que tu m’aimes
Même au hasard de ma destinée 
Il y a du givre dans mes matinées 
Et mes pas 
Tu ne les entends pas 
Mon cœur saigne sous les brumes roses 
Les fleurs de l’ombre sous la lune
S’envolent une à une 
Et mon âme récite en prose 
Des vers d’amour noyés de poussière 
Que narcisses et chrysanthèmes 
Reprennent comme thème 
Pour inonder les cimetières 
Notre relation tombe
Au son des trombes de pluie
Dans l’oubli des mers lointaines
Entends-tu les pleurs des fontaines
Ces adieux d’outre-tombe 
Sonner la vigile
Loin de notre maison d’asile 
Loin comme un murmure d’ondes 
Couvrant l’horizon 
S’éloignant de ma raison
Je ne passerai pas l’hiver
Loin de tes yeux verts
Le crépuscule est dans les arbres 
Où tous les oiseaux fous
Se sont aimés comme nous
Je crains cette forêt nue
Qui aux carrefours des doutes
Ne reconnaît plus les routes
J’ai peur 
Novembre 
Et ses couleurs tendres
Nous a volé le bonheur
Il meurt 
Maintenant 
Lentement 
Légèrement 
Tourbillonnant 
L’espoir de te revoir s’envole
Tiens
J’entends un rossignol

 

Dans ce nouveau poème de Gaëtan Parisi, nous nous trouvons en présence des mêmes éléments qui constituent son univers poétique, dans les limites des poèmes que nous avons eu l’occasion de lui lire et qui ne reflètent selon lui qu’une partie de cet univers .Ces éléments sont essentiellement  une rupture amoureuse unilatérale de la part d’une bien-aimée ( Il faut vraiment que tu reviennes/Je t’aperçois sous le noir de ce soleil/ Où nos nuits d’amour sont le rêve – L’espoir de te revoir s’envole) indifférente (Et mes pas Tu ne les entends pas/ Mon cœur saigne sous les brumes roses ) et  un ébranlement affectif violent qui s’en est suivi et a donné lieu à un désespoir profond (L’espoir de te revoir s’envole) et a marqué la vision du monde  de ce poète  d’une teinte extrêmement sombre. Et c’est de ce noyau sémantique qu’ont été générées presque toutes les images que l’auteur a conçues telles que ( Des marées de tristesse – Mon cœur saigne sous les brumes roses – Des vers d’amour noyés de poussière/ Que narcisses et chrysanthèmes/ Reprennent comme thème/ Pour inonder les cimetières – Entends-tu les pleurs des fontaines/ Ces adieux d’outre-tombe ).

Néanmoins, comme dans ses poèmes précédents aussi et bien que tous les signes émis ici excluent la possibilité d’un éventuel retour de la bien-aimée , le poète ne se  montre point  prêt à se résigner et à accepter le fait accompli, ce qui en dit long sur sa sincérité et l’intensité de la flamme qu’il lui voue. Pour cette raison, la fin du poème ne constitue nullement une surprise pour ceux qui connaissent de près les écrits de ce poète (Tiens/ J’entends un rossignol).
Stylistiquement, l’auteur  a usé massivement du vocabulaire de la nature, conformément au contexte temporel qu’il s’est choisi (automne- novembre ) pour servir de cadre au drame affectif qu’il nous a relaté et dont il a été victime , ce qui a conféré à son poème une teinte nettement romantique.

 

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