Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 26–Les poèmes de Gaëtan Parisi :26-13 : La dernière fois

Gaëtan Parisi

 

C’est la dernière fois

Que le crépuscule se noie 

En enveloppant la vallée 

Ma terre aux prairies fanées

Je ne glisserai plus entre les roseaux du marais

Je ne trainerai plus dans les chemins vaseux

Mes chemins sombres et venteux

Mon souffle est à l’arrêt 

Ma vie ici est en gare

Un filet d’ombre en flamme se faufile par une fenêtre 

D’un coup mon cœur s’égare 

Voilà la seule et unique percée dans la muraille de mon être 

Comme sur un rideau de pluie

La lune coule sur la nuit

Elle lutte avec arrogance

Il faut à tout prix que l’aube entre dans la danse 

Mais je ne tiens plus la distance 

Mon corps macère 

Dans un néant austère

La faucheuse est dans l’air

Ton sourire comme un éclair m’appelle dans ton univers

Je m’ouvre à cette lumière de jour 

Et comme le sculpteur d’amour

Je crée la forme exaltante de ton sein

Je dessine sur ma peau la trace de ta main

J’invente la douceur muette de l’eau

L’eau fraiche qui se disperse sur les pentes de nos champs nouveaux

J’écris le chant hurlant du silence

Le silence malicieux de tes yeux 

Je vois dans le présent fuyant s’ériger en pointillé notre Maison

Tu es mon audacieuse raison

Prends mon âme 

Je dois mourir de cette vie

Pour renaître à ton envie 

 

La structuration de ce poème est simple et claire, étant divisé en deux parties distinctes marquant à partir du 25ème vers (ton sourire comme un éclair m’appelle) le passage   d’un état  psychologique sombre et tendu à un autre  allègre et  décontracté. Mais son auteur a misé, dès le début, sur  deux procédés  déterminants  pour faire adhérer le lecteur à son discours : le premier est  l’amplification à outrance  de l’effet de ces deux états   l’un après l’autre  et le second est le renversement de la situation au moment où   on  s’attendait à son empirement. En plus de ce travail minutieux au niveau de la structuration du texte , il  a doté  le syntagme  d’une  texture rhétorique bien fignolée , composée , pour la plupart , d’images étincelantes telles que   le crépuscule se noie  en enveloppant la vallée – ma vie ici est en gare un filet d’ombre en flamme se faufile par une fenêtre  – comme sur un rideau de pluie la lune coule sur la nuit – mon corps macère  dans un néant austère – j’invente la douceur muette de l’eau …etc. ” .Et toutes ces techniques ont été mises  en œuvre pour exprimer l’idée maîtresse  sur laquelle  a été construit le texte : ”  l’effet miraculeux de l’Amour “. Le message a non seulement passé mais d’une  manière subtile et élégante. Bravo Gaétan !

 

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