Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 26–Les poèmes de Gaëtan Parisi :26 -10 : Mots d’ailleurs

Gaëtan Parisi

 

Masse solaire

Solitaire

Lactescence primaire

Couvre mes rêves

D’un voile amer

Masse lunaire

Éphémère

Mes douleurs inondent ta lumière

Corps de Pierre

Entendez ma prière

Vos frontières

De soie et d’épines

Enferment un lacis de promesses

Je rêve désespérément

De ses dunes célestes

Des venelles de son corps

De l’écho de ses mots

Déesse

Princesse

Maîtresse

De tout l’univers

Ma succulence permise.  

Ma connivence omise.

Tu es l’eau de ma vie

Ta beauté me tue

Ton esprit m’enivre

Abreuve mon amour

De l’opium d’un espoir

Au crépuscule de tes silences

J’entrevois une ombre

Couvre-moi de ton aurore !

 

Le discours du poète est centré tout au long de ce texte sur une locutrice bien déterminée à laquelle il s’adresse sur un ton imploratif, insistant à la fois sur les souffrances intenses qu’il endure à cause de son amour  et son indifférence et  de la magnificence de  son image à ses yeux. En  se mettant   dans cette position adorative et en plaçant  la bien-aimée dans  celle d’une déesse vénérée, il présente  l’image d’un amoureux fou et obsessionnel  qui se voue à elle corps et âme. Ce qui a engendré au niveau sémantique la distribution de la plupart des unités lexicales et  des expressions que comporte le poème sur deux isotopies principales noyautées par deux axes (un vénérant occupant le bas  / une vénérée installée en haut). La première se divise elle-même en deux zones : l’état d’âme valétudinaire et obsessionnel de l’amoureux (couvre mes rêves d’un voile amer -mes douleurs inondent ta lumière )  et la seconde est sa folle passion pour sa bien-aimée (  je rêve désespérément de ses dunes célestes des venelles de son corps de l’écho de ses mots – ma succulence permise –   tu es l’eau de ma vie ta beauté me tue ton esprit m’enivre abreuve mon amour  de l’opium d’un espoir – couvre-moi de ton aurore   ) . Quant à la seconde, elle est formée aussi  de deux blocs : la splendeur  de cette amante (déesse princesse maîtresse de tout l’univers) et son indifférence (corps de Pierre entendez ma prière vos frontières de soie et d’épines ). Ce qui nous rappelle un peu la poésie des troubadours du XIIème siècle dans laquelle  le poète, souvent d’un rang populaire, s’adresse à une dame idéalisée et inaccessible  appartenant à un rang élevé. Cette  manière de structurer  le  texte s’est répercutée sur le plan stylistique où elle s’est matérialisée sous forme d’une série d’hyperboles, soit pour amplifier l’état d’âme  du locuteur, soit pour mettre en valeur les traits sublimes de la dulcinée-déesse et son indifférence.  .

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