Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 26–Les poèmes de Gaëtan Parisi :26-8 : La poésie

Gaëtan Parisi

Le désert

Les terres

Les mers

Les airs

Ont façonné son imaginaire

Ont dicté sa conduite exemplaire.

La ligne directe,

L’étude fulgurante,

La rigueur essentielle

Ont pris par violence

Sa conscience.

Elle a craché les arts malveillants

Pour une parole exclusive,

Une musicalité ivre.

Par le vide qu’elle impose

Aux âmes

Aux corps

Elle ose

La prose

Elle sublime

L’image

Licite

Illicite aussi.

A force

De cultiver la richesse des mots

D’enregistrer les images paradoxales.

Elle devient source,

Lieu d’efflorescence,

Successions savantes des mille et une saveurs du verbe.

Erotisme dévoilé sans honte

Recherche savante du plaisir,

Transmutation exaltée ;

De la douleur

Du manque,

Quête de liberté

Sacralisation de l’amour

Telle est

La poésie

 

Dans ce manifeste poétique, l’auteur essaie de définir cet art  verbal sublime qu’est la poésie et de retracer ses particularités par rapport aux autres genres  d’expression,   à partir de sa propre expérience dans cette activité créatrice. Bien entendu,  si  scientifiquement parlant une telle entreprise relève de la compétence des poéticiens ou savants de la littérature, les témoignages des poètes bien qu’ils soient subjectifs apportent toujours des détails qui peuvent éclairer les spécialistes et les aider à rectifier,  s’il le faut,  leurs théories et les compléter. Voyons  comment l’auteur conçoit cet art. La poésie se caractérise , en premier lieu , selon lui , par la  vastitude absolue du côté imaginaire qu’englobe son niveau sémantique (Le désert ,  les terres , les mers,  les airs ont façonné son imaginaire ) . Ce qui  la différencie de la prose simple  où dominent le réel et l’intellect. La seconde composante est sa rigueur extrême d’abord au niveau rythmique  où elle  est soumise à des règles métriques ou équivalentes ( pour la poésie en prose ) (   la ligne directe, l’étude fulgurante, la rigueur essentielle ont pris par violence sa conscience /  elle a craché les arts malveillants pour une parole exclusive, une musicalité ivre ) , ensuite sur le plan sémantique où la langue doit être purifiée des  significations référentielles  au profit des sens  figurés  et des connotations (elle ose la prose / elle sublime l’image licite illicite aussi / à force de cultiver la richesse des mots d’enregistrer les images paradoxales )  .D’où son appellation de ”  plafond de la parole ”  . La troisième, enfin, est la large opportunité qu’elle offre au poète d’évacuer les affects nuisibles qui enveniment son intérieur et de  vivre des moments d’extase inouïs. Ces révélations  sont-elles loin de la conception scientifique de la poésie ? Nullement ! Elles sont en plein dans le mille à part leur formulation poétique donc subjective. Ce qui est naturel pour un poète .Que les poéticiens écoutent donc les poètes lorsqu’ils parlent de leur art et ne point sous-estimer leurs témoignages en la matière !

 

 

 

 

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