Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 27–Les poèmes de Patricia Royet 27 -7 : Pétale de cœur

Patricia Royet

 

J’ai dans le cœur, La fragilité d’un pétale de fleur,

Malgré son errance,

Sur la terre de la souffrance,

Il n’est pas de pierre, Il espère,

Le nuage solitaire,

La goutte d’eau qui changera son ordinaire,

 

Les vents du mépris,

Ils m’ont pliée,

Ils ont ri,

A mes pleurs,

A ma douleur, Je ne me suis pas cassée,

Peut-être un peu courbée,

Mais j’ai résisté,

Et je résisterai encore,

Aux bourrasques,

Au temps qui s’efface,

 

Je veux croire,

Aux perles de pluie,

D’un bonheur infini,

Pour remplir les crevasses,

Qui envahissent ma surface.

 

Parfois à certains moments de crise et de tension ou à l’occasion d’un échec sévère subi dans l’arène de la vie ou devant des obstacles qui lui paraissent infranchissables, le poète éprouve le besoin de s’autopsier pour mesurer sa capacité d’endurance et son habilité de poursuivre le parcours qu’il s’est fixé. Et c’est ainsi qu’il n’y a rien d’étonnant de voir la poétesse Patricia Royet, qui s’est spécialisée ou presque dans le genre amoureux obsessionnel, se pencher, cette fois, sur son psychisme  dans l’espoir de trouver au fond de soi-même les causes éventuelles de ses déboires. Selon un grand nombre de signes semés dans le texte, les revers qu’elle ne cesse de subir sont dus à une cause externe : la malchance, étant donné qu’elle ne manque ni de ténacité, ni de volonté, ni d’optimisme aussi .Ceci est  grosso modo le résultat de l’auto-analyse qu’elle s’est donnée de son intérieur .Et pour l’interpréter scientifiquement, disons que la poétesse possède une âme tragique au sens où l’entend  le philosophe hongrois Georg Lukács ( 1885 – 1971 )  c’est-à-dire en rupture totale avec l’univers, d’où cette série de coups qu’elle ne cesse de recevoir sans avoir les moyens d’y réagir. Ce qui revient à dire que son adversaire direct est le Destin. Cependant,  à l’opposé de cette passivité due à l’inégalité des forces en présence, s’élève  en contrepoids une qualité qui lui permet de tenir le coup et de continuer sa route : l’optimisme .Dès lors, nous comprenons pourquoi elle n’a pas basculé dans la dépression dont les principales manifestations sont  la baisse d’énergie , l’idée de mort, la perte de  l’estime de soi , le désespoir , le sentiment de culpabilité, l’anxiété …etc. Car, le propre de l’optimisme est de voir la vie du bon côté et d’avoir la conscience de l’impermanence des misères du monde là où les pessimistes les voient perpétuelles . Nous avons donc affaire ici  à une âme équilibrée qui n’a rien à se reprocher, puisque ses maux viennent de l’extérieur. Quant au style utilisé, il se caractérise, comme d’habitude, par la spontanéité et la simplicité, tout en accordant au rythme et aux sonorités un rôle  majeur (malgré son errance, sur la terre de la souffrance, Il n’est pas de pierre, Il espère, Le nuage solitaire, la goutte d’eau qui changera son ordinaire- aux perles de pluie, d’un bonheur infini, pour remplir les crevasses, qui envahissent ma surface ).Un autoportrait intime , vivant , axé sur l’humain  et   finement dessiné et coloré. Mes encouragements Patricia !

 

 

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