Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 26 –Les poèmes de Gaëtan Parisi 26 -2 : Feu de lumière

Gaëtan Parisi

J’ai connu les frissons

Une avalanche de frissons

Sous la tendresse

La délicatesse

La sagesse

De tes bras

Jusqu’au trépas

De ma jeunesse

A l’apogée de l’aurore

Quand les songes en or

Perdent leurs parfums

Les parfums

Tellement humains

De tes baisers divins.

Une larme

Déferle

Perle

Gèle

Elle

Inonde mon cœur

D’un regret moqueur

Une atroce sentence

Dans notre existence

L’absence

Quand au petit matin

Nous avons pris un autre chemin.

Mes pleurs se mêlent

Aux chants

De nos batailles

Nos retrouvailles

Dans tes entrailles

Eternelles.

J’erre dans le présent

Intemporel

Dans le silence

Sans nouvelles espérances

De ces temps de danse.

Les jours ont volé la prestance

De ces moments de connivence.

Les couleurs des derniers crépuscules

Sous mes pensées se bousculent.

L’ivresse

De ton amour de princesse

Manque à ma détresse.

La main de ta poésie

Reconnue comme idéologie

D’un pointé au ciel

Peint en azur le sombre

Le sombre

De l’ombre

De mes souvenirs de miel.

Sous tes coups de pinceaux

Ton sein devient ruisseau

L’éclat de tes yeux

Un souffle d’étoiles

Un vent délicieux

Qui sur cette toile

En rafale

Dévale

S’affale

S’installe.

Sous ce feu de lumière

Comme l’arc-en-ciel éphémère

Tu brilles

Ma mère

 

Ce n’est  pas le thème en soi,  malgré  son importance  capitale, qui retient l’attention dans ce poème, mais la façon dont il a été abordé et traité esthétiquement. Vu sous cet angle-là, il paraît être construit en deux niveaux : au premier ont été disposées  deux dichotomies parallèles : l’une est temporelle : le passé avec la  présence de la mère /et le présent en son absence  et l’autre est  psychologique :  le bonheur  que procure sa présence / et le malheur que cause son absence .Et au second niveau  une autre dichotomie :  le stimulus  que constitue la présence et l’absence de la mère dans le réel / et  la réaction émotionnelle du locuteur à ce stimulus. Et cette réaction s’opère dans deux directions opposées : d’un côté un retour nostalgique aux bras de la mère, assimilable, comme l’a noté Freud (1856 – 1939), à un retour à la matrice ou  au paradis perdu et de l’autre la souffrance insupportable  éprouvée  après son départ. A cette structuration très fine du temps , de l’espace et du ressenti du locuteur en harmonie totale  avec la présence et l’absence de la mère  , s’ajoute le traitement figuré  très subtil de ce ressenti  sous la forme d’images  aussi déroutantes qu’émouvantes telles que « les couleurs des derniers crépuscules sous mes pensées se bousculent – Ton sein devient ruisseau l’éclat de tes yeux un souffle d’étoiles – sous ce feu de lumière comme l’arc-en-ciel éphémère tu brilles ma mère » ,  en plus de l’usage massif des hyperboles  (une avalanche de frissons – l’apogée de l’aurore – tes baisers divins – tes entrailles éternelles – ton sein devient ruisseau – l’éclat de tes yeux un souffle d’étoiles…etc. ).Ensuite, Le report de la mention du mot « mère » à  l’ultime vers, bien qu’il constitue le pivot autour duquel gravite l’ensemble du texte, a conféré au poème un charme supplémentaire .Nous n’oublions pas à la fin de noter les procédés appropriés dont le poète a fait usage dans le traitement du rythme et des sonorités, à savoir l’accourcissement excessif des vers et la prosonomasie. Un autre poème très réussi .Bravo  Gaëtan !

 

 

 

 

 

 

 

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