Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 16 – Les poèmes de Linda Abedalbaki : 16 –1 : Tu es venu

Linda Abedalbaki

 

 

Tu es venu

En pleine nostalgie

Tu étais à distance d’un baiser près

Lorsque  mes mots se perdirent

Entre l’alphabet des larmes

Et le halètement de la pluie

Lorsque l’encre s’était avérée insuffisante

Pour mes vers

Je suis venue

Peler mes sourires

Dans les couffins  de ton désir

Et tomber

baiser

Après  baiser

Sur les rivages de la nostalgie

 

( Linda Abdelbaki , poétesse syrienne )

 

Comme nous l’avons constaté à travers  des dizaines de poèmes que nous avons commentés dans cette rubrique, l’amour reste l’un des phénomènes humains les plus mystérieux et les plus insaisissables malgré le progrès immense de  la psychologie, la psychanalyse et la sexologie à notre époque et malgré des milliers de témoignages de personnes qui en ont fait l’expérience dont de grands écrivains , artistes,  savants et philosophes normalement capables de s’auto-analyser .Et l’un des aspects du caractère énigmatique de ce sentiment est sa pluralité individuelle  qui fait que deux personnes n’aiment jamais de la même façon .Et ce , en dépit des classifications  établies par certains psychologues qui l’ont divisé en six ou sept genres tels que l’amour érotique,  l’amour ludique, l’amour platonique,  l’amour d’amitié, l’amour maniaque, l’amour obsessionnel …etc…Dans ce poème, par exemple ,le type d’amour décrit par l’auteure ne se range pas facilement dans l’un des genres précités à moins qu’on l’y rattache par un coup de force .En effet, évoquant les circonstances dans lesquelles cet amour s’est manifesté pour la première fois , elle ne retient que son effet  salvateur qui l’a délivrée d’un vide affectif   (tu es venu  en pleine nostalgie – mes mots se perdirent- larmes ) et lui a permis de se défouler à fond et de quitter l’état de sécheresse et d’engourdissement dans lequel elle était plongée (je suis venue  peler mes sourires  dans les couffins  de ton désir  et tomber  baiser  après  baiser  sur les rivages de la nostalgie ) . Quant à la personne du partenaire , elle n’en relève que son désir  sensuel (je suis venue  peler mes sourires dans les couffins  de ton désir  )le réduisant , ainsi , à un simple mâle .Bien entendu , nous ne faisons ici qu’analyser des comportements décrits dans un texte littéraire sans la moindre intention  d’y porter un jugement  d’aucune sorte qui soit . Notre seul but se limite, tout simplement , à montrer la singularité de cet amour et sa forte liaison avec l’état  individuel spécifique de la locutrice qui ne s’identifie pas nécessairement à l’auteure .

Stylistiquement , le poème est un vrai tableau exécuté à coups de touches métaphoriques, fines et éblouissantes .Et le trait le plus fascinant est , sans doute, sa chute déroutante !

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