Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :13 – Les poèmes de Karmanda Maghi:13 -2 : Réminiscences

Karmanda Maghi

 

Je suis tapie aux secrets de la chambre,

Je suis l’ombre, 

Je suis murmure Je suis silence

Je suis réminiscences.

Les murs témoins muets

D’audacieuses caresses,

Celles qui revêtaient

Vos corps et vos paresses.

Les draps froissés, humides 

De toutes vos hardiesses

Se souviennent encore, encore, encore…

Ils me parlent de nous

Ils me parlent de vous

De vos ébats

Vous étiez ivres

Vous étiez fous

La porte froissée

Pour que fuient vos promesses

Il flotte un parfum de regrets

De ce qui aurait pu être

De ce qui n’a pas été.

Je suis dans l’ombre 

De vos murmures, 

De vos silences 

Je suis réminiscence.

 

Cette jongleuse de mots , je l’avais dénichée un jour  lors d’une intrusion fortuite dans son profit non-protégé et ouvert aux amis de ses amis. Et malgré que j’eusse noté l’un de ses poèmes de la mention «  j’aime », il n’était pas aisé de vous l’amener ici  parce qu’elle paraissait hésitante et peu confiante en ses moyens.Ce que confirmeraient les deux poèmes qu’elle m’a proposé à la fois,  alors que  je n’avais besoin que d’un seul et aussi son nom double  qui lui sert peut-être de canne de marche au cas où elle trébuche . Assez plaisanté, entrons  maintenant  dans le  vif du sujet ! Prenons au hasard le poème qu’elle a intitulé ” Réminiscences ”  et reportons le second  à une  autre occasion. Apparemment et suite à l’usage de la deuxième personne du pluriel ” vous “, le contexte auquel se rapportent les souvenirs qui y sont évoqués  est très intime et concerne soit  deux personnages seuls  qui se rencontraient fréquemment dans une chambre loin de tout regard, soit plusieurs duos qui s’y alternaient  dans les mêmes conditions. Mais étant donné que  que la locutrice s’intègre à un groupe  (Ils me parlent de nous / Ils me parlent de vous), la possibilité  qu’elle soit participante et non seulement témoin n’est pas à exclure. Jusque-là, deux procédés ont été mis en œuvre : le premier est l’assombrissement   intentionné du contexte dans lequel  ont eu lieu ces ébats amoureux sensuels (les murs témoins muets d’audacieuses caresses, celles qui revêtaient vos corps et vos paresses. les draps froissés, humides  de toutes vos hardiesses ). Ce qui est en soi un générateur de suspense. Le second  procédé  est le choix  de ce thème  osé porteur d’une forte charge émotionnelle. Mais l’auteure ne s’en est pas tenue à ces deux techniques. Elle a usé en plus et à outrance de l’auto-identification à des phénomènes concrets et abstraits évoquant l’imprécision  (Je suis l’ombre / je suis murmure / je suis silence/  je suis réminiscences) qui ont eu pour effet de renforcer le premier procédé. En un mot, ce poème dévoile une conception  juste de l’acte d’écrire en poésie qui ne se réduit  pas en une simple expression du ressenti de l’auteur et des émotions qu’il éprouve mais exige, avant tout, la capacité de créer des écarts et de privilégier le suggestif au détriment du commun et du vulgaire . Continue ! Tu es sur la  bonne voix !

 

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