Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :11 – Les poèmes de Monique-Marie Ihry :11 -3 :L’amour, la mer

Monique-Marie Ihry

 

L’amour est un petit bateau 

Qui vogue blanc au fil de l’eau

Sur les vagues bleues de la vie 

Dans une liesse infinie

 

Qu’il soit radeau barque bohème

Il navigue dans un poème

Sur les flots heureux de l’amour

Dans la promesse d’un toujours

 

Bercé par la chanson des flots

Balancé au fil des rouleaux

Ivre d’émoi et d’allégresse

Ne fait pas montre de faiblesse

 

Mais, faible coquille de noix

Un jour de tempête se noie

Et sur la page d’un naufrage

Vient s’inscrire ce triste adage :

 

Tout grand amour est éphémère

Un jour il n’est plus que chimère

Et dans un regard des plus purs

Errent des présages obscurs

 

Adieu petit bateau du cœur

Adieu rêves commis en chœur

La vie est parfois songe amer

Gisant dans la nuit de la mer

 

 (d’après la chanson de Charles Trenet intitulée « Bateau d’amour ».Mon poème a été mis en musique par Cristiane Barthes et joué délicieusement cet été 2013 par son orchestre à Narbonne dans le jardin de l’Office du tourisme. De plus, il a été lu par Philippe Lemoine… Ce fut un grand moment d’émotion.)

Dans les locaux de l’Office du tourisme, se trouvait également une très belle exposition en l’honneur de Charles Trenet que Joëlle Lambrecht avait organisé avec brio. Merci à elle !

 

 

Connaissant de près les écrits de l’auteure de ce poème, je suis presque sûr que le message qui y est véhiculé n’a aucun caractère autobiographique. Il ne s’agirait, pro-bablement, que d’une idée née en toute spontanéité dans un contexte spécial et qui aurait retenu l’attention de la poète par sa pertinence et son originalité. Ce que lui aurait valu d’être à la base de la création de ce poème .Pris en soi et indépendamment du contexte dans lequel il a été inspiré, ce texte expose une certaine conception de l’amour selon laquelle ce sentiment se caractérise essentiellement par sa délicatesse avec ses deux sens  🙁 douceur et  fragilité)  auxquels correspondent deux attitu- opposées mais dont aucune l’exclut forcément l’autre :la fascination et l’extase qu’il suscite  et l’affliction et le chagrin qu’il inspire .Cette conception est , bien entendu , celle de l’amour ordinaire dont font l’expérience la plupart des communs des mortels et dont la fin est généralement décevante si elle  n’est pas malheureuse. Et à son opposé s’élève , cependant, majestueusement  l’Amour spirituel, impérissable et éternel qu’incarnèrent, par exemple,  les poètes arabes anciens de la tribu Oudhra comme Jamil l’amoureux de Boutheina  et Qais le fou de Leila  qui moururent en martyres pour le sentiment noble et pur qu’ils éprouvaient  pour leur dulcinée. De ce fait, si notre poète s’attache à la première particularité de l’amour qu’elle a si bien décrite dans les trois premières strophes, elle se contredirait si  elle croyait à l’adage qu’elle a cité dans la cinquième ( tout grand amour est éphémère un jour il n’est plus que chimère et dans un regard des plus purs errent des présages obscurs). Thématiquement, elle ne fait, sûrement donc, qu’interpréter poétiquement un tableau exécuté par une autre personne  ou réécrire une chanson qui aborde ce thème .Quant au niveau stylistique , le cachet spécifique de l’auteure est fortement présent à travers son lyrisme très prononcé , sa transcription subtile et détaillée des fluctuations de l’âme humaine , le lexique abondant de la nature qu’elle a mis en œuvre  et enfin  son recours massif à la métaphorisation .Ce qui a contri-bué à faire de ce poème un véritable tableau sur un tableau ou une chanson sur une chanson .

 

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