Trois nouveaux poèmes de Fatima Maaouia – poète tuniso-algérienne –Tunis (Saperlipopette!/ Les larmes…/ De Amar Bouzouar à Sidi Ammar!)

Fatima Maaouia

 

 

Saperlipopette!

Époustouflant lopin de terre !
Pas plus grand qu’un carré de mouchoir
Mais que de trésors sortent la tête
Des profondeurs et trous noirs
De la terre !

Chaque motte
Portant fièrement fanion Vert
Tient sans commentaire
La dragée haute
Au sable à la poussière
Et à la botte de l’hiver

Cueillette du jour…
Au nez et à la barbe du gel et des vers
Fèves et botte de blettes !

En retour…
Note de voyage culinaire?
Idée recette lumière populaire?
Et que ça pète !

Quelle soit colorée et savoureuse
Brillante à souhait et lumineuse !

Seulement pour garder la ligne :
En quatre ou cinq lignes
C’est tout

Un mot de trop
C’est trois ou quatre kilos de maux
En écho
Et ce n’est pas du mou
Le gras qui jamais ne chôme
Qu’un coup de gomme
Assomme et met illico dans les pommes !
Vous voyez le topo ?

Donc à vos plumes
Et …en rimes
S’il vous plaît!

Hum !
Pour la peine
En prime
Comme gain,
Votre part via internet
Dans des assiettes,des assiettes
Pâte porcelaine
Aussi grandes, aussi grandes
Et fleuries que la planète …

Sans blattes
Qui rêvent de la mettre à quatre pattes…

Et ce qui ne gâche rien
Tout potelé et rond
Tel soleil levant…malin
Fait main
Du bon pain, odorant et frais
Fleurant bon
La passion fleur de sel,
Levain du matin
Blé, orge et sarrasin …

L’essentiel
Sans assassins
Ni voleurs de printemps
Dans les coins

 

 

Les larmes…

Les larmes sont des gouttes de vie
Des capsules à effet prolongé
Un collier de perles tricotées serrées
Retenus au fil des jours à l’intérieur
Pour cacher le bris du jet
Et le jauni de l’anéanti
Scellé dans le gosier
Qui atteint vos fleurs
Et rosiers de valeur
Quand trop de sel y afflue …

Lorsque les nœuds
Des épis des larmes… alarme aux yeux
Trop remplis
Perlent et éclatent en pluie …
Sous les coups
D’un marteau piqueur
Venu d’on ne sait où…
Le cœur serré pleure
Et fond
Pour pas s’étaler de tout son long

Les larmes, au fond
Sont les épluchures
Des fleurs
Crochetées d’heure en heure
Qui projectent blessure
Et bleus
À l’extérieur
Dans l’espoir de refleurir un peu

Pour être à la hauteur
Le temps d’essuyer mes larmes
Et d’en rire…

La prochaine fois, sûr, promis
Je vous parlerai dans la foulée
De l’incommensurable charme
De la gamme et panoplie
Des autres larmes
Qu’on ne peut refouler
Qu’il nous arrive de lécher
Et dont nous avons
Tous fichés
Dans le corsage
Quelques échantillons
Musique organique, cris
De nos pauvres vies:
Larmes, fontaine Joie, de crocodile, de désespoir de déception ou de rage
Qui font rage…

 

De Amar Bouzouar à Sidi Ammar!

Fichtre ! Sacré chiffre 13 !
Tout un symbole !
Prémonitoire ?
Clin d’œil malicieux de l’histoire

J’extrapole un peu
Mais Grands Dieux
Il me plaît assez
De colorer un peu
Cette métropole
Glacée
Pôle de résistance…dans les pommes
Qui ne respire que d’une narine
Et encore !
C’est là que Brahmi
Et Chocri Belaid sont morts
Pour avoir respiré trop fort
L’air pur de Nahli

Pauvre colline
Qu’on ne fait que rouler dans la farine
Terres utiles données à manger au bitume
Trottoirs encrassés
Transport rural,
Où le bétail humain est entassé
Où l’espace de vie
Communal
Rêve avachi
Est bu fumée dans les tasses de cafés,
Mosquées et salons de thé
Mais où, désormais
Le sang de mai
Vivifiant baume
Coule neuf et frais…

Se souvenant des 16 000 rosiers
Du peuple des vaillantes abeilles
Nids d’oiseaux et gamins de Nahli
Menacés
Que Maître Béton cuirassé
D’un mâle coup de dent…
Et sans prendre de gants
Rêve d’engloutir à tout instant
La cité
Souffle citoyenneté
Gonflant les poumons
A voté…
Pour un soleil non phagocité

Du coup le parc a respiré
La sebkha esseulée a suivi
Et Bir Belahssen, dont l’eau
N”a rien à envier à celle d’Evian
La coiffe même au poteau
En ce que ses molécules sans chlore
Se rebellent
Et se colorent
De soleil

Pour en revenir donc
Au chiffre 13, véritable conque
À espoir …
Hasard ou mystère ?

Dans ce contexte,
Comment, au nom du ciel ne pas faire
De lien, un parallèle quelconque
Avec le 13ème siècle
Et …Sidi Ammar ?

Sidi Ammar ?

P’tit coup d’oeil, donc dans le rétroviseur de l’histoire

En 1270 , lâchant prières, chapelet
Contemplation et mausolée
Bâton de pèlerin en main
Sidi Ammar
Rien à voir avec Amar Bouzouar
Zigomar
Double discours
Multi couvertures
En fonction de la devanture
Alias Wali Abou wifi du coin
Ses funestes aventures
Et plaisanteries au goût d’alun

Sidi Ammar
Brillant mystique, Saint patron vénéré des lieux
Ne lésinant sur rien
Pour sauver son peuple des envahisseurs
S’en alla au loin
Guerroyer héroïquement et défier haut la main l’armée régulière
Grossie de mercenaires
De Saint Louis,
Barbare, va-t-en guerre
Qui pour redorer son blason
Espérait à partir de la Tunisie
Conquérir tout l’Orient avec le fer…
Point barre !

L’OTAN avant l’heure, quoi, ma foi
Et évangéliste de surcroît !

Comme quoi
Ce n’est pas uniquement la peste, je crois
Qui, décimant les croisés, sauva cette fois
La petite Tunisie, terre impie
Au sel, à l’ortie et aux chemins de croix
Mais les forces vives de ses fils,
Guerriers, hommes de plume, femmes, Mystiques et preux chevaliers
Tous
Alliés
À l’humus…
Soleil chevillés

Merci Faouzi Maaouia pour l’éclairage historique.

 

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