Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :4 – Les poèmes de Calli Mondésir 1-12 Chimères blanches

Calli Mondésir

 

Des chimères ont ankylosé mon âme

Projecteurs de fantasmes

Qui s’exhibent

Comme un drap

Sur la nudité du ciel

Et dans ces yeux affamés

J’ai l’illusion du temps

Rampant derrière l’ombre de la réalité.

 

Les rythmes et les trajectoires

Se décèlent chancelant

En houles de saoules moribonds

D’abord ce fut les pas

Puis les hurlements

Puis les danses malades de musique

Et la vie scindée en des colonies indiscrètes

Dans l’arcane de ses rêveries.

 

Chaque morceau du temps

S’entre-rogne

Pour esquiver l’assaut de leur expiration.

C’est le pillage et le gaspillage de temps sur le courant.

 

Le sort d’un ralenti

S’est amarré en cascade

Sur le vide bondé

De l’œuf agité.

 

Dans ce chaos

J’ai longtemps moqué le temps

Qui se traîne de foncer

Et la vie qui s’impose

De tourner ses pages rêveuses…

 

Loin de là demain

Derrière cette muraille puissante

Se maudit au nom de tous les saints

Collinx MONDÉSIR, Le revendeur de rêves.

 

Pour saisir le sens profond d’un texte littéraire , le lecteur doit toujours se garder de se tenir aux sens apparents  ou même aux  précisions qu’apporterait  l’auteur  sur ce qu’il a voulu dire,  car une grande partie de son discours  émane de l’inconscient et lui échappe  donc complètement .Dans ce poème-ci , le niveau locutoire ( ce qui a été effectivement dit ) porte à croire que le poète exprime son attitude personnelle  à l’égard du phénomène temps , une attitude  , somme toute ,  pessimiste  qui rappelle celles de  Michel de Montaigne (1533-1592)  ou d’Arthur Schopenhauer (1788-1860)   , alors que plusieurs signes montrent que nous avons  plutôt affaire ici à un texte  du genre psychologique où tout se joue  dans la psyché du locuteur et  bien  loin de la zone de  son intellect .En effet , le niveau sémantique du texte qui constitue ses structures profondes  a été construit sur la dichotomie : Agresseur / Agressé : dans laquelle le premier élément est le temps et le second est la vie en général à laquelle appartient le locuteur .Et d’emblée , nous  nous trouvons devant un sentiment de persécution  dont la nature est une phobie apparemment héritée de l’enfance .Et ce phénomène , assez fréquent d’ailleurs , a plusieurs causes dont  surtout une naissance difficile et traumatisante qui demeurera  gravée au fond de la mémoire  jusqu’à l’âge adulte pour remonter de temps en temps à la surface de la conscience .Cette vision cauchemardesque du Temps ne serait ainsi qu’une projection d’un affect enfoui  au fond de l’âme sur le monde externe .  D’autre part , le sens de la  notion temps n’a jamais  requiert l’unanimité  des philosophes , penseurs et  scientifiques .En effet , si  Einstein a démontré l’inexistence pure et simple du temps cosmique à la vitesse de la lumière , le temps psychologique, lui , dépend totalement de l’état d’âme de chaque individu comme c’est le cas dans ce texte .  Cependant le caractère discutable de l’idée maîtresse sur laquelle a été construit le poème ne cache pas l’extrême finesse avec laquelle cette idée a été traîtée esthétiquement au niveau de l’expression .Bravo Calli !

 

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