Un nouveau bouquet de poèmes de Fatima Maaouia – poète tuniso-algérienne –Tunis

Fatima Maaouia

 

PRESQUE

 

PRESQUE était presque vivant

Et presque mourant

Accroche presque aux lèvres du temps

Il était presque de son temps

Et en même temps presque hors du temps

Il avait presque des rêves d’enfant

Et des presques anniversaires de grands

Où, presque toujours

Il était presque soit en avance sur l’heure …

Les fleurs qu’il offrait à son cœur

N’avaient pas poussé encore

Soit en retard sur son temps

Que la grâce du printemps

Avait presque

Raté d’un chant

Il va sans dire que PRESQUE

Qui avait hérité ce nom burlesque

De sa maman

Lorsque, enfant

Il ne terminait

Presque jamais son assiette

Et d’un air presque ennuyé

Lorsqu’on le houspillait

Disait ” J’ai… presque terminé!”

-” Termine-moi ce presque

Ou ça va barder!

Sinon c’est lui qui va te couper en dés

Et te manger !

Presque, refroidit

Il en a marre d’être assis à te regarder…

PRESQUE

Qui nageait entre choléra de presque et peste

De soupe au lait ou de purée …

Presque entre lumière

Faisait presque sa prière

Pour ne pas être mangé

Et avait presque plus de versets

Que des cuillerées

Et si dans sa presque cécité

Il lisait presque un livre …presque en entier

Tant il avait presque peur de s’y perdre et de disparaître être et

Presque en entier

Et s’il terminait presque toujours son assiette

Maintenant

Il avait presque mal à presque toute la tête

Allant presque pour se purifier

Se doucher et se coucher

Pour avoir été touché

Par presque

A tel point,

Que, peste !

Un jour excédé au plus haut point

Par tous ces presques gestes de rien

Qui faisaient son quotidien

Vif et preste

Le prenant de vitesse, presque

Le funeste

Qu’il avait oublié presque

N’en fit qu’une bouchée … et devint PRESQUE

 



Mospilan pour mineuses

 

Du soleil dans le cœur

Pour toi qui est dans nos cœurs !

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Le Jour

Je te dis Bonjour !

Oulp ! J’ai oublié…

Jai oublié le ruban…Horizon

À la feuille d’or

Et pour donner encore

Plus d ‘hélices

À ton humus…

J’ai oublié

Mousse

Savon Luxe pour ta frimousse

Et Diamant le dentifrice

Délice

À la chlorophylle, rosée et sève

Des chants

Pour nettoyer tes dents

De tous les débris,

Sévices, injustices et préjudices

Du mauvais temps d’antan

Et accueillir le printemps

J’ai oublié

Le sourire malicieux !

Et pour accrocher la lumière

Aux cieux

Ton Khol, espiègle crayon mutin pour les yeux

Ton eau de toilette

Rouge Baiser ton rouge à lèvres

Qui donne commotion et fièvre

A la plèvre des champs

Et mord au sang

Pléthore tempêtes

Et tourments !

Coche de ce pas

La case des chemins de croix

Avec tous ces jardins bétonnés

Voix

Boutonnée alentours

A la tronçonneuse

Jai oublié

J’ai oublié le son de l’olivier

Et le nom du produit

Pour le citronnier

Ah?

Mospilan pour mineuses ??

Ces gueuses de mantes religieuses!!

Et pour être le plus beau

Encore,

Si ça se trouve …De l’encens !

Brûle sens !

 

Des bijoux !

Hello !

Tu dors ?

Au boulot!

Trouve- moi tout ça d’abord

…à bord !!!

A- ton jamais vu un jour

Le Jour

Lambiner et oublier d’illuminer

Sa propre mise à jour?

 

 

Mes oignons…

 

 

Le monde prend de la sauce tomate

Sur la patate

Et alors ?

J’ m’occupe d’abord de mes carrées de navets

Et d’oignons

 

Mes oignons me sont plus chers que l’or

Mes mignons !

D’accord ?

 

J’m’en balance

Du monde et de ses  problèmes !

Versets déversés cris, œdèmes

Ronces, errance à la ronde

Par ci, par là à travers champs !

Mecs adversaires

Gnons ! Râles ! Revers

Camouflets ! Moignons ! Cadavres pâles

Champs de bataille ! Barbe !

Ça  me fait pas mal

Tous ces zèbres informes

Qu’on sabre

Et transforme à tour de bras

En trognons herbes à plat

M’énervent !

 

La Barbe !

Ni sabre ! Ni bombes ! Ni barbe !

Ça me tombe !

 

J’aime les arbres !

 

Je regarde autour de moi

Mon jardin ploie !

Qu’est-ce qui nous attend sur les plaines

Au cours des prochaines années qui viennent ?

 

J’m’en fiche !

A l’affiche chez-moi, sol en friche !

C’est dés aujourd’hui

Qu’il faut préparer le terrain

Qui a mal aux reins

 

Tiens ! Mine de rien

Je me demande si j’ai bien fait de planter des navets !

Les oignons aussi…d’ailleurs

 

J’aurai du planter des fleurs

Des concombres

Du persil ou des céleris

Et non des navets dans mes allées…

 

Tous comptes faits…

Y a pas mieux que les concombres !

Dans mes allées

Les concombres font cataplasme

Contre les décombres

De mes racines carrées

 

Les oignons aussi d’ailleurs

Mais c’est pas pareil !

Cette pâte à pleurs

A la pluviométrie déréglée

Qui pluviote et pique sans arrêt

Me fait peur

Chaque botte que je désosse à l’outil ou à la main

Me met en examen

Chaque membrane

Plombée de linceuls

Irradie mon œil blême

D’erreurs humaines

 

Les concombres c’est plus doux 

Sans compter que c’est bon en cas de spasmes

C’est pas du tout comme les oignons !

 

Les oignons

Font malheur

Ça fait pleurer comme chien

Un rocher pour rien !

 

J’en ai tout un carré…

Planté hier…

Je vais être obligé de les arracher

 

J’arrache avec colère

Tous les pieds de l’hiver

Que j’ai mis sous serre

Non, mais!

Suis pas Noé ! Tout de même

Pour boire tous les noyés

De l’humanité

 

J’mets des nuages roses

 Des pétales de   sparadrap

Thé

A la place des jarrets pluvieux coupés ras

 

Pour avoir des chemins Pleins

Dans mon jardin

Sans risque d’intrusion

De mauvaises saisons

Un printemps sans chagrin

Des parterres fleuris de jambes

Indemnes  d’œdèmes

Et des mains noires, jaunes et blanches

Sur toutes les branches

Qui s’aiment

J’arrose les graines avec la verveine

Qui tombe sans problème

De mes yeux

Alfa bleue

 

Y a rien à faire !

Il y a un os !

La terre a trop de peine

Il pleut  des fosses

Dans ses veines 

Aussi grosses

Que  le sel que le vent de la  haine

Nous amène sur les plaines !

 

Un cimetière

Sort de terre 

Me regarde à l’envers

T’ en es encore là ?

Me disent ses vers

 

Caramba !

J’y crois pas !

J’ai été à deux doigts

De lui arracher les bras

Jusqu’aux bouts des ongles pour le faire taire

 

Mais j’ai eu peur

Mince alors !

Si par malheur le cimetière

Allait, caler mon moteur ?

 Hé, bé !…

Que deviendraient alors les fleurs

Qui…ne sont même pas encore ?



Triste triste requiem…

 

Ö, quelle peine !!
Catapultant mes veines
Le printemps n’est plus du tout le même…
Toutes les plaines
Bébé !
Sont imbibées
De la blancheur
De ses fleurs
Dans la peine

Ben
Même que, si…
Le jour de l’aïd

De leurs propres aveux
Bé-é béeh
Les caïds…
Beurk
Pendent l’advenu… si mauvais caïd
Ex Cid bienvenu
Puis
Sang henné et rides répandus
Au delà des poignets …
Ont danse dansé jusqu’aux nues
D’empourpré empoignées

Même que
Sidi Pâques
Mêlant les œufs
En pack
Et en séries
A transformé en coquilles et nœuds
Les œufs internés… d’eux….

Même que,
Même que…
Piteux !
Bouton pâte blême œdème
Poreux
Devenu sanglant emblème
Blasphème
À l’ADN des plaines
Le jasmin,
Prince des Pays de Gale
Et jardins d’Essai du Mal
En pince davantage pour le benzine
Pour lequel
Loi Super suprême
On fait la queue
Bien plus
Bien plus
Que pour le bon teint et l’humus des collines


C’est la journée de la terre


C’est la journée de la terre…
La terre est palestinienne

La journée
De La terre AJOURNÉE
Moire
Coupée et découpée
En territoires occupés

C’est la journée de la terre
La voix de la terre, mes chers !

En dépit des couches répétées
De là de ci
Bulldozer, bombes, scie…
Maquillage, collagène
Et coloriage sang visqueux
À la surface du carrelage
Qui font carnage et tapage
De la pointe des pieds aux cheveux en feu
Veines, racine et ADN
La terre est palestinienne
Mon vieux !

Été hiver
Brûlée dans sa chair
Sous menottes, bâillon et rets
Depuis tant d’années
Colonisée par l’hiver
Maître de la terre

Les voix anti Hitler
Habituées à l’abri à pérorer
Démocratie
Justice, paix, liberté, fraternité
Se terrent

Pardonnent plus à Hitler
Qui les a défait
Par ses méfaits
Qu’à la terre palestinienne
Qui ne leur a rien fait

Cécité ?
Trous de mémoire
Territoire troué de balles ?

La terre est palestinienne !

En fait,
La juste vérité…
COMPLICITÉ !!!

 

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