Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :4 -Les poèmes de Calli Mondésir : 4-4: Tirage aux sortilèges

Calli Mondésir

 

Juste le temps

Pour saisir l’allure du soleil

Au repos-éclair du temps

Las d’expirer en sauvage

Ses supplices pitoyables.

 

J’ai dessoudé mes regards

Du visage hérissé de la terre

 

Pour une fois fissurée

Mon audace s’est débattue à se désencrasser

De son état de machine à ruiner le sol.

 

Damnation ! Horreur ! Damnation !

La fugace convoitise

De la liberté inconditionnelle

A suscité les pires maléfices

Dans l’esprit oppresseur,

 

Disent-ils en farfouillant

Leur répertoire d’ignobles meurtrissures

Que faut-il donc pour que l’asservi insolent

Rachète son avanie ?

 

Une douce extinction de l’âme

Sous la hargneuse pénétration de nos dards

Entre ses entrailles ?

 

Non non plutôt pendons-le

Jusqu’à ce que son sang étrangle son souffle

Et son corps nous l’offrirons en aumône

Aux vautours et aux condors affamés.

 

Les fatalités tombaient

Sur le lit de la nuit

Comme une horde de pleutres

Et même le ciel semblait sombrer

Sous la gravité de leurs répercussions.

 

Quand passera l’averse infernale

Si dans ma cage chante encore

Même à voix de trépas

Un petit cœur  souffre-martyr,

Je ferrai le serment désormais

De faire du visage de la terre

Un marchepied à mon coté humain.

 

L’auteur de ce poème porte un regard sombre sur l’existence humaine dans ce monde, fortement influencé par l’esprit magique, la présentant comme écrasée sous le joug des sortilèges, des damnations et des malédictions,  bien qu’il annonce à  la dernière strophe qu’il adoptera dorénavant une attitude  positive en faveur de la terre  . Et de ce noyau sémantique, il a  généré une énorme isotopie qui  a englobé la plupart des lexèmes et des expressions que comprend le texte (SORTILÈGES – supplices pitoyables – visage hérissé de la terre – Damnation  –  Horreur  – maléfices – esprit oppresseur – ignobles meurtrissures – extinction de l’âme – hargneuse pénétration de nos dards entre ses entrailles  – son sang étrangle son souffle –  son corps nous l’offrirons en aumône aux vautours et aux condors affamés – les fatalités tombaient – même le ciel semblait sombrer sous la gravité de leurs répercussions – l’averse infernale … ). Mais si on ne nie pas  totalement la véracité de cette situation cauchemardesque qui prévaut dans un bon nombre de contrées du globe, elle ne peut, en aucun cas , faire oublier les réalisations grandioses de l’homme dans les domaines scientifique et technique  qui ne cessent d’embellir la vie sur terre et la faciliter . Ensuite, les aspects négatifs dont il amplifie l’ampleur n’ont rien à voir avec les sortilèges et les damnations. Ils sont plutôt nés de l’agressivité innée de l’être humain, héritée sans doute de l’animal et qui l’empêche de faire de la terre un paradis. Et pour y remédier, il faut s’inspirer  des philosophies  de la force qui prônent la  confiance en l’esprit créatif et combatif de l’homme qui finira  tôt ou tard par le propulser au haut niveau de l’Homme Supérieur de Nietzsche , de l’Homme Révolté de Camus et  de l’Homme Libre et maître de soi de Sartre .

 

 

 

 

 

Atoumo
Ou té lé
Tombolo anlè mwen
Atoumo
Ou ralé
Loraj an fonn tjè mwen
Atoumo
Ou vlopé
Tout flèw alentou mwen

 

L’ Atoumo m’ est tombé
D’un seul coup en émois
L’Atoumo
Il sait tout
Sur l’orage et par cœur
Mon orage est au fond
Locataire des fleurs

 

Voici un autre mini-poème  extrêmement condensé  d’abord par l’accumulation de quatre métaphores en si peu de vers ( sept en tout ) : les deux  premières ont été créées par le biais de  la personnification de la fleur   et  les deux suivantes par l’auto-chosification de la poétesse  qui, d’un côté, s’identifie au ciel en un point bien déterminé  : le fait d’être un contenant abritant les nuages  et , de l’autre,  projette son état d’âme  sur  le fond de la fleur . Ensuite – et c’est le plus  pertinent – le passage  ultra-rapide de l’extérieur ( la description de la fleur )à l’intérieur de la poétesse  ( mon orage ) puis  le retour avec la même rapidité à l’extérieur . Ce va-et-vient – éclair entre l’ontique et l’ontologique connote une double action composée  d’une assimilation suivie d’un  transfert pour exprimer l’idée maîtresse du poème : les vertus magiques de Atoumo , cette plante antillaise qui guérit ainsi les âmes mélancoliques en plus des corps .

 

 

 

 

 

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