Oumouloud ou comment dessiner poétiquement un marocain heureux ! : par :Soumia Ben Rochd – Agadir- Maroc

Hassan Oumouloud

Soumia Ben Rochd

 

Dessiner un Marocain heureux, c’est se défaire de tous les cadres de la pensée habituels (les petits pinceaux), imaginer un nouveau monde où le Marocain serait « heureux », et relever le défi de le réaliser. C’est une entreprise casse-gueule où l’on risque d’être malmené en chemin, ne serait-ce que du fait de nous regarder en face et d’assumer l’horreur de notre reflet. Une étape indispensable pourtant qui demande tant de courage. Pour arriver à imaginer ce monde et à le créer, il faut toutefois se passer de la parole (il ne faut pas dessiner la bouche). La parole gâche tout. La parole entrave le travail. La parole détourne les intentions. La parole envahit l’espace et le remplit de bruits parasitaires. La parole freine l’engagement. La parole est toujours mensonge… La seule parole admissible est celle qui ébranle l’ordre établi (barreaux ténébreux), bouscule la complicité collective banalisant le fait accompli, et se détournant du miroir de la vérité.

Pour Oumouloud,  un monde heureux est un monde où les richesses sont partagées de manière égalitaire. De l’argent, de la nourriture… ou (juste de la terre). Oui, de la terre, en apparence négligeable, est le trésor en soi. Une poignée de terre dans chaque main engagée dans le projet d’un monde meilleur, c’est une promesse de culture, une autonomisation, une fierté, des fruits authentiques au goût incomparable.

L’enfant est l’une des graines de la terre. Vous qui dessinez ! Vous qui êtes responsable ! Oui, vous ! C’est-à-dire moi ! Oui, moi ! C’est-à-dire nous ! Oui, de moi jusqu’à elles, en passant par nous ! Polluez cette terre qui porte la graine ! Abandonnez-là ! Offrez-vous le luxe de l’indifférence ! Et lorsqu’une lueur de conscience vous passe par l’esprit, crachez-vous dessus ! Ceux qui se sont passées de leurs bouches se passent encore plus de vous. Ils prennent soin de cette graine. Malgré tout. Ils sont humains et fiers de l’être. A présent, c’est à elle de se battre pour survivre. C’est à elle d’absorber l’amour, de relever la tête, et de dire je suis là.

Petite graine ! Après s’être relevée, vous n’avez plus le droit d’abandonner. Visez haut. Visez loin. Ne vous retournez pas. N’écoutez pas ces bouches ouvertes. Ne vous laissez pas engloutir dans l’océan du doute. Vous-vous sauverez, et sauverez tant d’autres…

La précarité,  la vulnérabilité, l’exploitation… ne sont pas des fatalités, ni un destin. Secouez-vous donc ! Un peu de volonté, plus un peu de volonté, plus un peu de volonté, et nous-voilà !

Vous qui dessinez ! Vous avez été comme nous. Juste vivant. Drogué. Mais vous avez aussi été capable de vous secouer. Et vous avez secoué la terre entière. Nous comptons sur vous. Nous compterons sur nos nouveaux-nous !

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