Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :1- Les poèmes Jocelyne Mouriesse :1-24 : Vent d’ange

Jocelyne Mouriesse

 

 

Vent d’ange

 

Insolence insulaire

Le grain blanc et l’embrun

S’embrasaient en plein air

Tournoyaient de  parfums

Parlaient-ils

Aux  nuages

De la vague guerrière ?

Songeaient-ils

Aux rivages

De voyages  en arrière ?

Ile vague soupir

Ici bas

L’aile ploie sous les souvenirs

Dans la danse un frisson

Vent d’anges nous a déposés

Ce  rêve de visage à nu

 

Notre amie la poétesse de l’autre bout du monde me donne toujours du fil à retordre avec ses poèmes  très concis mais bourrés de symboles indéchiffrables  et contre ses murs blindés mes connaissances sémiotiques  , herméneutiques , psychanalytiques et autres terminées par « iques»  s’avèrent toujours inefficaces . Le seul moyen  qui me reste donc est ma humble intuition  tout en espérant qu’elle ne me trahira  pas une nouvelle fois .Etant un texte descriptif , ce petit poème a été construit sur un ensemble de thèmes à chacun  d’eux sont attachés des propos . Ces thèmes sont au nombre de trois  : Le grain blanc   ( défini comme est un phénomène météorologique soudain et très violent. Il s’agit d’un grain particulier, qui n’apporte pas de précipitations ni même parfois de nuages. On parle de « grain blanc » en référence au fait que le ciel qui l’accompagne est parfaitement clair, et , de ce fait, il ne peut être signalé à l’horizon que par un nuage blanc en ascension rapide, ou par l’écume blanchâtre qu’il génère au sommet des vagues. C’est un grain très brusque, qui éclate sans aucun signe annonciateur, et se révèle d’une violence inouïe. Son apparition serait corrélée à la formation d’une rafale descendante extrêmement violente, dont les vents peuvent parfois être supérieurs à 300 km/h ), l’ embrun ( une pluie fine provenant des vagues qui se brisent ) et la locutrice  s’identifiant à son île toute entière .Ce trio est réductible à deux , du fait que le déclenchement  de ces deux phénomènes  en même temps (s’embrasaient en plein air tournoyaient  de  parfums ) constitue  peut-être  en   lui-même un phénomène spécifique à l’île de la poétesse .  Quels sont  maintenant les éléments énonciatifs ou shifters qui expriment le point de vue du troisième thème sur ce phénomène ? Alors qu’il est considéré comme une « Insolence insulaire »  donc négatif  , il a été qualifié  dans le titre et à l’ultime strophe  de «  vent d’ange »   et perçu  de la part de la  locutrice et son île comme bénéfique (dans la danse un frisson vent d’ anges nous a déposé ce  rêve de visage à nu ). Y aurait-il un sens symbolique local propre  le faisant considérer  de bon présage et porteur  de salut ?Je m’abstiens à toute interprétation , me contentant de relever la haute poéticité du texte épuré complètement de toutes les significations référentielles et tissé de part et d’autre de connotations , de présupposés et de figures de création pure .Un jour j’aimerais voir ces mini-poèmes resplendissant de poéticité réunis dans un recueil.

 

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