Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 2 – Les poèmes d’Alain Minod : 2 -12 :Dans le vif de la distance

Alain Minod

 

Ici dans la cale du temps 

Où se courbe notre promesse

Nous inventons – tambours battants –

Chaque jour – de nouvelles liesses

 

Et qui les tient incandescentes

En intensifiant leurs parcours

Avec des flammes incessantes

Qui alimentent le toujours

 

Dans la grande soute du monde

N’avance que celui qui veut

Agencer le futur aux rondes

Des passions et de leur grand feu

 

O La si secrète justice

Si chevillée à mon aimée

Je voudrais qu’elle me tisse

Une toile en sa grâce arrimée

 

Passés nos moments de musique

Chacun tanguerait sur ses rives

Allumant d’un feu fantastique

Le libre jeu de nos dérives

 

Puis le vent soufflant au lointain

Nous saurions alors nous rejoindre

Aussitôt qu’il sera atteint

Et nous verrions l’aurore poindre

 

Non ! Jamais ne sera figé

Tout ce temps gagné pour l’alliance

Nos paroles ignifugées

Ne brûlent pas de leurs distances

 

Et ainsi brilleront nos corps

Chair nerfs et veines saisies

Dedans le vif d’un même port

Pour un bateau de fantaisie

 

Nous pourrons encore enlacer

Le soleil pour nos propres vies

Sans qu’aucun clash ne nous dévie

De la route déjà tracée

 

Toute promesse ainsi courbée

Dans la justice alors dressée

Ne sera jamais dérobée

Par la courbe d’un temps pressé

 

C’est un nouveau texte d’un poète qui s’est distingué par un style spécifique basé essentiellement sur un type bien particulier de métaphorisation qui consiste à concrétiser à fond  les notions abstraites  liées au thème traité  (la cale du temps – se courbe notre promesse- flammes incessantes qui alimentent le toujours- agencer le futur aux rondes des passions- justice si chevillée à mon aimée – un bateau de fantaisie – nous pourrons encore enlacer le soleil – la justice alors dressée – la courbe d’un temps pressé….etc….). Et comme nous le constatons clairement ici , la plupart de ces métaphores sont du genre filé ou font partie d’images complexes  .Cette orientation s’expliquerait par la nature  incorporelle de l’univers intérieur du poète avec une volonté très nette de sa part de le matérialiser et ce, pour deux raisons possibles :la première est de le rapprocher de l’esprit du lecteur et la seconde est de façonner des images d’un même type afin de suggérer sa cohérence et son homogénéité. Quant au niveau du contenu , le poème a été construit sur une isotopie géante qui a englobé le plus grand nombre de vocables utilisés dans le texte. Cette isotopie peut être nommée « l’impulsion optimiste de l’homme » et pour en être sûr vous n’avez qu’à bien lire les expressions suivantes 🙁nous inventons – tambours battants – chaque jour – de nouvelles liesses -intensifiant leurs parcours avec des flammes incessantes qui alimentent le toujours – le vent soufflant au lointain nous saurions alors nous rejoindre aussitôt qu’il sera atteint et nous verrions l’aurore poindre – toute promesse ainsi courbée dans la justice alors dressée ne sera jamais dérobée par la courbe d’un temps pressé…etc.…) qui reflètent une attitude pascalienne ou plus exactement “un optimisme malgré tout”  qui se présente comme une sorte de défi dans un monde à la dérive où rien ne laisse présager de bon .Et nous voici ainsi revenus à la croyance en la capacité de l’Homme à dépasser ses faiblesse et ses défauts pour bâtir un monde meilleur .Comme tous les textes précédents de ce poète , celui-ci se distingue par sa belle texture métaphorique inédite et la profondeur du regard philosophique que son auteur porte sur le monde d’aujourd’hui !

 

 

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