La notion de création chez Mahmoud Tounsi et l’exemple de la roue par :Mohamed Salah Ben Amor

Mahmoud Tounsi

Samir Ayadi

A la fin des années 60, l’écrivain d’avant-garde tunisien feu Samir Ayadi a publié dans la revue qu’il dirigeait « Culture » et qui paraissait à la maison de la culture Ibn Khaldoun à Tunis un texte sous le titre de « Page blanche ». Et la page était effectivement blanche hormis le titre et le nom de l’auteur.
Quelques jours après, j’étais à l’entrée du Colisée à Tunis en compagnie du peintre et écrivain d’avant-garde aussi feu Mahmoud Tounsi quand le sheikh zéitounien Mohamed Sadok Besaies arriva et il me lança tout de suite ces mots : « Amor ( il m’appelait « Amor » ) , j’ai lu ce qu’a écrit Samir Ayyadi .C’est ça ce que tu appelles « Avant-garde » ? C’est le summum de la médiocrité ! ».
– « Si Sadek, lui dit Mahmoud Tounsi ,il ne faut pas regarder le contenu vide de ce texte mais l’idée maîtresse de laquelle il a été généré . Cette idée est réellement inédite .Et c’est cela qu’on appelle création ! »
– -« Quelle création, lui répondit si Mohamed Sadok Besaies !D’après cette conception, je suis capable de composer chaque jour une vingtaine de livres .Il me suffit d’écrire mon nom et le titre et le livre est achevé !! »
– -« Si Sadok , lui dit Mahmoud Tounsi, prenons l’exemple de la roue !Aujourd’hui , n’importe quel menuisier ou forgeron peut la fabriquer en quelques minutes mais le premier humain qui l’avait imaginée était un grand génie parce qu’il ne l’a pas copié sur un objet qui existe dans la nature. Elle était une pure création ! ».

 

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